Un affaire de famille

Bien qu’un tiens vaut mieux que deux tu l’auras, Guy « Sonny » Antonacci a convaincu six de ses cousins à prendre un risque de connaître le succès en transposant leurs courses de pigeons voyageurs pour des Standardbred.

Par Debbie Little / Traduction Louise Rioux

« Ils ont gagné beaucoup d’argent avec leurs courses de pigeons et c’est ainsi, je crois, qu’ils ont pu acheter leurs premiers chevaux. Je me rappelle qu’ils les faisaient courser et pariaient beaucoup sur leurs pigeons. Nous en étions propriétaires. Nous les faisions courir. Nous les entraînions. Nous faisions tout, » dit le fils de Sonny, Frank « l’aîné ».

Tout comme son père, Frank préfère qu’on l’appelle par son surnom « l’aîné ».

Sonny et ses cousins Frank et Thomas Antonacci ainsi que Frank, Fred, Joseph et Leo Lemangino, qui demeuraient à Suffolk County, New York, sur la rive sud de Long Island, à moins de trente minutes de la ville de Westbury, et où se trouvait l’un de leurs endroits favoris de sortie, Roosevelt Raceway.

Les cousins ont fondé Lindy Farms Inc., nom qui selon le fils de l’aîné, Frank M. Antonacci, fut baptisé ainsi en l’honneur de leur ville natale.

« La ville où ils vivaient tous, s’appelait Lindenhurst. Tout à Lindenhurst porte le nom de Lindy ceci et Lindy cela, ce fut donc le nom de Lindy Farms qui s’est imposé. Et c’est l’origine du nom de Lindys Pride » dit Frank M.

L’aîné se souvient de Oso Slo et Tarport Lib, deux des premiers bons chevaux qu’a possédé Lindy Farms Inc., mais reconnaît que les cousins ont su capturer l’éclair dans une bouteille très rapidement dans leur carrière de propriétaire.

« J’assistais à l’encan quand ils ont acheté Lindy’s Pride à Harrisburg. Quelle belle expérience. J’ai pu suivre quelque peu le cheval. J’étais aussi au Kentucky pour le Kentucky Futurity et – certainement – à Yonkers et Roosevelt. C’était agréable. Et c’est toujours plaisant de gagner, » dit l’aîné, alors âgé de 14 ans lorsque Lindys Pride est devenue championne de la Triple-Couronne.

Selon le Trotting & Pacing Guide de la USTA, « la population du cercle du vainqueur lors de la victoire du Kentucky Futurity, a probablement établi un record mondial, comprenant 41 membres de Lindy Farm ( des familles Antonacci et Lomangino), ainsi que 20 directeurs du Red Mile et autres membres de la presse. »

Au début des années 1970, Sonny déménagea sa famille au Connecticut et fonda la Lindy Farms of Connecticut.

« Tout ce qu’il voulait était une vie plus simple. En se réveillant un bon matin, il se dit ‘J’aimerais avoir une petite ferme sur laquelle il y aurait quelques chevaux, en élever d’autres, puis déménager au Connecticut’ » dit l’aîné.

Même si Sonny est décédé en 2001, son rêve et sa vision se poursuivent à la ferme qui est maintenant aux mains de ses fils Jerry et l’Aîné, tout comme ses petits-enfants.

« J’ai grandi sur cette ferme. Et j’habite toujours la même maison aujourd’hui avec ma famille, où j’ai grandi, » dit Frank M., 34 ans. De fait, Jerry, l’Aîné ainsi que leurs familles vivent tous sur la ferme, et comme leurs familles se sont aussi agrandies, autant en a fait la ferme. Cette petite ferme qui comptait 20 acres, en compte maintenant environ 900.

« Ils pensent que c’est un aussi bon endroit pour élever un yearling qu’ailleurs. Je pense que même si nous avions une ferme au Kentucky, je ne suis pas tellement convaincu que nous n’élèverions pas beaucoup de nos yearlings ici au Connecticut à cause du sol d’ici et l’herbe. Nous leur donnons beaucoup d’espace. Nous avons de nombreux grands champs. L’endroit parfait - à mon avis – pour en élever, » dit le gérant des yearlings, Rex King.

King travaille à la ferme depuis 20 ans et il se souvient de conversations avec Sonny à propos des pedigrees.

« Sonny était le meilleur. J’ai toujours été intéressé par les pedigrees et il était un gourou en cette matière. J’aimais être sur la ferme avec Sonny. Il savait ce qu’il voulait et quel pedigree il aimait. Vous saviez toujours que vous auriez un bon pedigree quand vous travailliez pour Sonny, » de dire King.

« Ils ne craignent pas l’aventure, comme d’accoupler avec quelques chevaux européens. Nous faisons de l’accouplement là-bas depuis presque 20 ans, et nous avons des poulinières en Italie.

« Frank, l’Aîné, tient très certainement de Sonny, et il étudie par lui-même. Il analyse différents croisements et il est aussi bon que n’importe qui question de pedigree. »

E trouverL’Aîné croit que quand vous êtes un éleveur de chevaux, il vous faut connaître les pedigrees.

« Mon père a trouvé la façon de trouver de bonnes poulinières pour pas tant d’argent que cela. Je crois que quand vous trouvez ce que j’appelle un cheval générationnel comme Highscore Kemp, il faut y aller si vous le pouvez. À mon avis, elle a tout ce dont vous avez besoin pour fonder une famille. Très peu de ces chevaux se présentent, » dit l’Aîné.

Ils ont investi 300 K $ pour l’acquisition du yearling Highscore Kemp. Issue de Muscles Yankee, Highscore Kemp descend de la gagnante d’un O’Brien Award, Emilie Cas El, qui elle-même est une sœur propre de Garland Lobell des trotteurs reproducteurs Andover, Angus et Conway Hall.

À trois ans, Highscore Kemp a inscrit une marque de 1:51.4 en gagnant le World Trotting Derby pour poulinières, et ses deux premiers rejetons sont les gagnants de courses stakes The Perfect Lady 3, 1:55.3f (65 053 $) ainsi que Lindy The Great 3, 1.2:52s (92 790 $). Elle a aussi une pouliche yearling issue de Father Patrick, un weanling par le reproducteur français Ready Cash, et elle est présentement porteuse d’un poulain de Love You – le même reproducteur français qui a produit leur gagnant en éliminatoire du Goodtimes Stakes et Hambletonian, International Moni.

L’Aîné croit que les chevaux européens sont un peu plus forts, et croit aussi que ce serait une bonne idée de combiner cette force à la vitesse américaine.

Au cours de ses voyages outremer avec Moni Maker, l’Aîné a rencontré JP Dubois, avec lequel il s’est lié d’amitié. Ces liens européens ont permis aux Antonacci un meilleur accès à de brillants étalons tels Love You et Ready Cash.

Les Antonacci ont aussi cherché à l’extérieur des États-Unis à plusieurs reprises à la recherche d’entraîneurs. L’entraîneur Osvaldo Formia a eu ses premiers contacts avec les Antonacci en 1969. À l’époque, il travaillait pour Howard Beissinger et il agissait comme palefrenier pour Lindys Pride. Formia, originaire d’Argentine, se souvient que durant les années 1980, les Antonacci utilisaient des entraîneurs différents mais ils voulaient avoir un entraîneur qui travaillerait exclusivement pour Lindy Farms du Connecticut.

« Nous croyons que pour réussir en affaires, il vous faut avoir le plein contrôle de l’activité que possible, et quand vous confiez un cheval à des entraîneurs de l’extérieur, cela devient leur affaire, pas la vôtre, » dit l’Aîné.

En 1988, Formia et l’entraîneur norvégien Jorn Kvikstad ont travaillé ensemble à la ferme, et à l’évidence, quelque chose a certainement cliqué, car cette combinaison leur a valu le Hambletonian 1989 avec Probe ainsi que le Hambletonian 1990 avec Harmonious.

Ils m’ont considéré comme un membre de la famille. J’avais beaucoup de respect pour eux et eux pour moi, » dit Formia, qui dit que son cheval favori à ce jour, est Lindy’s Pride.

Au total, le nom Antonacci est relié en partenariat à cinq champions de l’Hambletonian, un record.

Leurs espoirs étaient élevés cette année, avec le susmentionné fils de Love You – Moni Maker, mais après avoir gagné sa course éliminatoire la semaine précédente, les dieux des courses n’ont pas été généreux envers International Moni en finale de l’Hambletonian alors que Victor Gio IT l’a rejoint au premier tournant et a frappé International Moni causant la perte de son allure.

“ « J’étais extrêmement déçu. J’étais convaincu à 99,9 % de ce qui s’était passé alors que j’assistais en direct à la course, et j’en ai eu la confirmation quand j’ai parlé à l’entraîneur Domenico Cecere de même qu’au meneur Scott Zeron. Yannick Gingras s’est excusé de son geste auprès d’eux, mais il y a de ces gestes que même les excuses ne pardonnent pas, » dit Frank M.

« Mais nous avons surmonté cela maintenant. Malheureusement, un jour comme cela ne se représente jamais au cours de la carrière d’un cheval, alors nous devons vivre avec cela. J’avais vraiment le sentiment que ce cheval arrivait à l’endroit qui lui était destiné et ce fut difficile d’accepter le fait qu’il n’allait même pas avoir la chance de vraiment faire la course.

« Je crois qu’ils ont fait ce qu’ils se devaient en accordant un bris d’allure par interférence. Ma compréhension est qu’ils en ont vu assez pour réaliser qu’il y avait eu interférence à l’égard du cheval, mais pas suffisamment pour placer l’autre cheval. Le placement ne change en rien le résultat à mes yeux. Cela ne change rien. Quiconque a vu la course sait ce qui est arrivé et c’est tout ce que je peux demander. »

Les Antonacci envisagent présentement construire une ferme au Massachusetts, près de leur club de golf Great Horse Country Club in Hampden, lequel portera le nom de Farm at GreatHorse. Ils pensent aussi à prendre de l’expansion au Kentucky prochainement, là où l’Aîné est copropriétaire du Red Mile.

Étant une opération d’élevage c. une de course – quand Moni Maker a été mis à la retraite des courses, la décision fut prise de ne jamais vendre un de ses rejetons. Toutefois, en tant que ferme d’élevage à succès, c’est leur tâche d’élever et vendre des yearlings.

« Nous avons élevé-et-vendu Wild Honey. Nous avons élevé-et-vendu Delicious. Nous avons élevé-et-vendu Snow White. Élevé-et-vendu Samo Different Day, » dit Frank M. « Présentement la plupart des chevaux qui aboutissent dans notre écurie de course, ont soit eu de sérieux problèmes jeunes ou quelque chose que nous avons tu pour pouvoir faire de la reproduction à l’avenir. »

« Je pense que nous portons attention aux détails ici. Nous essayons de donner aux chevaux la meilleure nourriture, les meilleurs palefreniers, les meilleurs soins vétérinaires. D’ailleurs, nous avons un vétérinaire sur place. Le travail sur la génétique que nous faisons. Tout le sol est testé. Nous n’essayons pas de prendre de raccourci sur quoi que ce soit ici et nous essayons d’accoupler le meilleur cheval qui soit. Nous portons attention. Quiconque pourrait avoir un cheval sortant de l’usine, comme on dit. Vous prenez votre poulinière et l’accoupler à un étalon. Nous nous enorgueillons du travail que nous faisons ici et nous voulons produire les meilleurs chevaux de course au monde, » dit l’Aîné.

L’approche Antonacci à l’industrie s’étend de la salle d’accouplement à la piste, là où le changement et l’innovation occupent le sommet de nos préoccupations.

Avant les éliminatoires Goodtimes à Mohawk en juin, la famille a fait les manchettes alors qu’il fut annoncé que le conducteur de International Moni, Scott Zeron, porterait les couleurs de Lindy Farms. Mais ce n’était pas que la seule nouvelle. À l’opposé des couleurs amples portées par les autres conducteurs, les couleurs de Lindy que porterait Zeron seraient moulantes, les rendant plus aérodynamiques.

Frank M. dit qu’il n’a pas besoin d’un degré d’ingénieur pour comprendre que ce costume est plein de sens à ses yeux.

« Si quelqu’un voulait dépenser l’argent, nous pourrions probablement faire faire une étude en soufflerie quant à la différence de résistance entre quelqu’un portant ce genre de costume et l’autre, le costume actuel. Et peut-être que les manufacturiers de ces costumes devraient la financer, » dit Frank M.

« Les matériaux et les tissus changent dans chaque autre sport de compétition, mais les nôtres, non. Puis nous avons vu dans l’industrie du thoroughbred, émerger les costumes favorisant la vitesse – leur version d’un costume plus aérodynamique. S’il existe quelque chose que nous pouvons essayer, faisons-le. Scotty était d’accord pour le faire, nous l’avons fait. »

« Bien franchement, si j’étais un conducteur à la pige de haut niveau, j’aurais un de ces costumes. Ils gagnent leur vie grâce à des fractions de seconde. Pourquoi ne vous procureriez-vous pas un costume fait du meilleur tissu possible, et dont vous pensez qu’il pourrait vous fournir le moindre petit avantage possible? »

Frank M. pense aussi que ce serait un avantage si les casques pouvaient aussi être plus aérodynamiques, et croit que les manufacturiers de ces casques devraient s’y intéresser.

« Pensez aux casques portés présentement, et aux gars qui doivent se pencher vers

l’arrière, alors qu’ils portent un casque avec palette sur le devant lequel agit comme pare-brise. Quelque chose qui ressemblerait à un casque de luge serait plus sensé selon moi, » dit Frank M. « Rien ne valant la peine n’est facile. C’est notre affaire. C’est ce que nous faisons. Si nous ne faisons que ce qui est facile et que tout le monde fait, alors nous sommes pareils aux autres, et ce n’est pas ce que nous cherchons à atteindre. »

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