Pertes croissantes

À peine quelques jours avant que le gouvernement provincial du Québec n’annonce le point final de sa participation aux courses de chevaux dans la province, il a émis un communiqué qui contenait le paragraphe suivant :

Rappelons que le déclin de l’industrie des courses de chevaux a débuté il y a plusieurs années. Depuis 1995, les gouvernement ont versé plus de 450 millions de dollars en subventions pour soutenir cette industrie. Malgré cette aide, l’industrie régresse toujours. L’évolution du pari sur les courses de chevaux en témoigne. Le pari, d’une valeur de 315 millions de dollars en 1990, a chuté à 136 millions de dollars en 2008. Plus de 80 % de ces sommes sont pariées sur des courses tenues à l’extérieur du Québec et présentées sur écrans dans les Hippo Clubs.

J’insiste pour que vous lisiez attentivement ces mots car j’ai le pressentiment que ce n’est pas la dernière fois que vous lirez une telle déclaration. L’échec des courses de chevaux – celui des courses attelées en particulier – de ne pas avoir su s’attaquer au déclin de sa base d’amateurs de même qu’à la diminution des paris, est la cause de l’effondrement du sport.

Ce qui arrive au Québec est très perturbant. Le gouvernement a essentiellement abandonné les courses et comme on pouvait s’y attendre, le tollé venant du public s’est fait plutôt discret. Et au sein même des cercles de courses canadiens, a-t-on entendu tout au plus, un faible gémissement sur la perte de la deuxième plus importante juridiction standardbred au Canada? Non.

Et encore, mois après mois, réunion après réunion, nous rencontrons les chefs de file de l’industrie qui distribuent sans compter, des centaines de millions de dollars en bourses sans aucun plan pour attirer les parieurs ou de nouveaux adeptes aux hippodromes.

Des initiatives telles le programme Sires Stake, le programme de résidence des juments, l’amélioration des accouplements ainsi que l’incitation à la propriété, sont toutes très positives. Elles sont une partie vitale du casse-tête. Mais sans un produit répondant aux attentes du consommateur, les courses attelées sont sur la voie de l’effondrement.

Le seul plan d’action à grande échelle concernant le pari et le client émane du conseil d’administration de Standardbred Canada qui a eu le courage d’établir un Plan stratégique qui se penche sur ces questions. Mais le sujet est immense et la recherche et le développement sont des entreprises d’envergure.

Il y a quelques semaines, j’ai regardé une ‘Gold Final’ à cinq chevaux à Kawartha Downs disputée pour la somme de 170 000 $. Un même propriétaire détenait quatre des cinq chevaux participants. L’épreuve en file indienne a bénéficié de moins de paris qu’une course à réclamer à 4 000 $ figurant plus tard au programme.

Comme les engagements financiers de Standardbred Canada sont d’ordre public et publiés annuellement dans ce magazine, je peux vous dire que le budget annuel pour la Recherche et le Développement ainsi que le Développement des affaires, est moins élevé que la bourse de cette seule course.

Standardbred Canada est financé à même les droits d’adhésion de ses membres et les frais d’utilisation de ses usagers, alors il n’y a pas de pourcentage des revenus des machines à sous ou des paris qui sont attribués à ces projets. Et bien qu’il y ait du progrès, c’est une course contre la montre, que nous sommes en train de perdre.

Au Québec, le gouvernement dit qu’il a injecté 450 millions de dollars dans les courses de chevaux pour n’y constater que le déclin persistant du sport. Bien que le gouvernement ait eu un rôle dans l’érosion des courses attelées au Québec, je me demande quelles sont les principales initiatives mises de l’avant au cours des 15 dernières années au Québec – par qui que ce soit – pour réinventer les courses attelées?

À travers toute l’Amérique du Nord, et ce, malgré l’évidence sans cesse croissante que le sport est de plus en plus hors de portée du grand public, les courses sont présentées à peu près de la même façon qu’il y a 15 ans, mise à part la superfecta.

Alors, maintenant, nous sommes en période d’attente. Nous sommes dans l’attente d’un leadership courageux qui se lèvera et investira dans l’avenir. Ou nous sommes dans l’attente du prochain communiqué de presse annonçant la fin de tout.

Darryl Kaplan
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