Le Patron

BETTING LINE EST UN CHEVAL SPÉCIAL. Par Keith McCalmont / Traduction Louise Rioux

Ce fils de deux ans de Bettors Delight a gravé son nom dans les livres d’histoire par un passage dramatique de la cinquième à la première place dans un ultime effort pour gagner la Pepsi North America Cup d’un million de dollars.

Ce faisant, il a procuré au conducteur David Miller sa première victoire en Cup, à sa 16e tentative, et à son entraîneure et copropriétaire, Casie Coleman, quelque chose comme un cadeau de fête tardif.

« La première fois que j’ai mené un cheval dans cette course, c’était aux guides de Falcons Future, c’était en 1994, alors oui, c’est très agréable, » dit Miller. « J’aime son attitude de ne jamais abandonner. »

Son grand rival, Control The Moment, qui a privé Betting Line de la victoire lors du Metro Pace, a inscrit un temps rapide lors de la 33e édition de la North America Cup en atteignant les trois quarts de mille en 1:20.3. Control The Moment est entré dans le long droit de la course en compagnie de deux rivaux qui lui soufflaient dans le cou, y compris Racing Hill, qui a surgi devant avec moins d’un huitième de mille à faire, mais Betting Line n’allait d’aucune façon céder et il est passé par de puissantes foulées pour la victoire.

« Ils couraient en toutes sortes de rapides fractions. J’étais un peu inquiète du fait qu’il soit un peu loin, puis j’ai vu le chrono à 1:20 et des poussières, ce qui me rendit heureuse, » dit Coleman.

C’était la meilleure façon pour la populaire conditionneuse, de souligner sa semaine d’anniversaire.

« C’était tout ce que je désirais pour mon anniversaire et Betting Line l’a réalisé, » dit Coleman célébrant son 36e anniversaire, qui a gagné sa première Cup en 2010 avec Sportswriter. Ce n’est pas un mauvais cadeau du tout pour un poulain qui est bel et bien en voie de se tracer une très lucrative carrière de reproducteur. »

Non pas que le poulain insouciant ressente la pression croissante s’installer sur son solide physique.

« Il aime jouer, » dit Coleman.

À vrai dire, Betting Line a été quelque chose comme une menace lors de ses fréquents passages au cercle du vainqueur lors des événements Ontario Sires Stakes, tout comme une récente victoire au Somebeachsomewhere Stakes, en préparation pour la North America Cup de 1 M $.

Non pas que Betting Line est méchant. Il est plutôt complètement inconscient de sa force. C’est un trait de caractère qui fait que Coleman, son fiancé Mark Herlihy, le meneur de l’écurie Jonathan Drury et la soigneuse Paige Austin, doivent demeurer sur leurs gardes le jour d’une course, à partir du lever du soleil jusqu’à la course.

« Il fait cinq milles de jogging par jour et il faut qu’il soit le premier à sortir le matin parce qu’il peut être mauvais. Il rue et se cabre toujours, » dit Coleman. « Paige doit le diriger tout le long du trajet vers la piste, et Mark doit le jogger. Je reste là en espérant qu’il reste droit. »

Mais encore, en dépit de son comportement insouciant, le jeune poulain a fait la démonstration qu’il a la force nécessaire pour porter les rêves de Coleman et Miller, et peut-être plus important encore, contribuer à faire renaître une passion pour les courses chez sa jeune soigneuse qui émerge tout juste d’une tragédie personnelle.

Le 12 septembre 2014, la communauté des courses de standardbred fut ébranlée par la mort subite du vétéran conditionneur Mark Austin, à 54 ans seulement.

« C’était à vous fendre le coeur, » dit Paige. « Je vais bien maintenant, deux années ont passé… mais nous n’avions aucune idée que cela allait arriver. Il perdait du poids et il était vraiment en santé, il se mettait en forme. Il ferrait tous nos chevaux sans jamais transpirer. »

« Un dimanche, nous sommes allés à Flamboro et il a manqué la rétention avec un de nos chevaux, » continue-t-elle. « Il a été retrouvé dans le camion. C’était à vous briser le cœur. »

Austin était l’un des meilleurs entraîneurs du circuit Ontario et il se faisait un nom avec les meilleurs chevaux tels Sparky Mark et Fool Me Once. Paige a trouvé son amour pour le sport par son père.

« Nous possédions une ferme de 55 acres et tous nos chevaux viennent de là, » dit Paige. « J’aidais toujours mon père et je faisais le paddock. J’aidais quand je le pouvais. L’un des premiers chevaux que j’ai aidé a été Sparky Mark. »

Des enfants comptent les jours savant d’atteindre leur seizième anniversaire pour obtenir leur licence de conducteur. Pas Paige, son calendrier a compté jusqu’à son dixième anniversaire.

« Quand j’ai eu 10 ans, j’étais impatiente d’obtenir ma première licence de la CCO, » dit-elle dans un sourire. « J’y suis allée le jour de ma fête. Dès le moment où j’ai pu parler, je voulais faire partie du sport et participer à tout. »

C’est avec son père, en 2013, que Paige a connu sa première expérience en North America Cup avec Fool Me Once, un fils bai de Art Major, qui a grugé toutes les fractions pour gagner sa course éliminatoire sur une fin rapide de Wake Up Peter.

Fool Me Once a fini quatrième à la Cup, après avoir mené sur Captaintreacherous, très bien appuyé.

« Je crois que j’avais 16 ans à ce moment-là, et je me souviens de tout à son sujet. C’était la première grosse course ‘stakes’ du cheval de papa, » se rappelle Paige. « Il était génial, un cheval agréable qui coursait toujours bien. Il a gagné sa course éliminatoire et c’est dommage qu’il n’ait pu gagner la finale. C’était une très belle expérience qui m’a conduite jusqu’à cette participation à la North America Cup cette année avec Betting Line. »

Il a fallu du temps à Paige après le décès de son père avant qu’elle ne retrouve sa voie vers les courses.

« Ce fut difficile durant un certain temps. J’ai mis plus longtemps avant de retourner à Flamboro. Je ne pouvais pas supporter d’être là, » dit-elle. « Bien sûr, nous avions des chevaux à la ferme et ils devaient être nourris. Je devais continuer à bûcher, chaque jour, et éventuellement, c’est devenu plus facile. »

Puis, à l’hiver 2015, une porte s’est ouverte à Paige pour effectuer son retour.

« Carmen Auciello a voulu que je fasse le paddock pour lui et c’est un peu ce qui m’a ramenée à la course, » dit Paige. « Cela m’a aidé à surmonter cela. Le fait de revenir aux courses et autour des chevaux un peu plus, m’a aidé. »

Paige s’est jointe à l’équipe de Coleman cette année, sur la recommandation de son ami de coeur, le conducteur Jonathan Drury, et rapidement, elle est tombée en amour avec le cheval qu’ils appellent ‘B-Line’.

« Il est parfois un peu difficile. Il est enjoué. C’est un reproducteur et il veut mordre un peu, » dit Paige. « Mais la bonne chose le concernant c’est qu’il n’est pas mauvais. Tout ce qu’il veut c’est jouer. Il est simplement vif et vous devez vous surveiller quand vous êtes autour de lui. Pour le reste, il est un amour. Il adore les pommes. Il est fou de joie quand on lui en donne. »

Il y a beaucoup de choses à aimer en ce qui concerne Betting Line qui a gagné six de ses 12 premiers départs dans sa première année, engrangeant 540 422 $, grâce à une course terminée en deuxième place lors du Metro ainsi qu’un net résultat dans la Super Final en octobre à Woodbine, contrôlant le rythme du départ à la fin, en route vers une victoire en 1:52.

« Il a été bon durant toute la saison et d’avoir gagné les Super Finals sur notre propre piste, nous a procuré une joie immense. Il a été génial ce soir-là, » se rappelle Coleman. « Même d’avoir terminé deuxième lors de la Metro c’était impressionnant puisque Control The Moment était tout simplement exceptionnel. »

Betting Line a cédé quelques fractions cruelles lors de sa finale en Breeders Crown, terminant quatrième, mais le gros toutou est loin de ses cotes. Il est revenu de loin pour gagner le Champlain et son premier voyage, mené par Dave Miller, et gagner sa course éliminatoire en North America Cup en 1:49.1à la grande surprise de son conditionneur.

« Dave a été le premier à admettre qu’il n’avait pas connu la première partie de course qu’il souhaitait et à la sortie du dernier tournant, nous voila premiers, et Control The Moment, celui qui nous inquiète le plus, est sur notre dos, » se rappelle Coleman. « J’ai pensé que ce n’était pas bon signe, mais aussitôt que Dave a commencé à le stimuler, il a tout simplement plongé et a gagné. »

« Comment fait-il, je ne le sais pas, mais il a un grand coeur et une bonne paire de poumons, » continue Coleman. « En réalité, il n’aurait pas dû être capable de gagner cette course de la façon dont elle se déroulait, et il a terminé inscrivant son meilleur temps à vie. »

Coleman, maintenant la première femme à entraîner deux gagnants de la Cup, était heureuse que Betting Line ait pu donner à Miller, un conducteur au large curriculum, sa première course catégorie 1 M $. »

« En plus d’être un grand conducteur, Dave et son épouse, Misty Miller, sont vraiment de bonnes personnes, » dit Coleman. « Une année, à la Breeders Crown au New Jersey, Misty me demanda si j’allais à la maison pour la Thanksgiving canadienne.

« Je lui ai répondu que je ne pouvais y aller, que je devais rester avec mon cheval, » de continuer Coleman. « Elle m’a demandé combien il y avait de Canadiens parmi mon personnel et a invité toute l’équipe à leur domicile pour y déguster un grand repas de dinde. Elle nous a fait nous sentir a la maison. »

Miller a gagné beaucoup de grandes courses pour Coleman au cours des ans, aux guides d’étoiles tel McWicked et Idyllic, mais jusqu’à maintenant, la Canadian Classic lui a échappé.

« Dave a toujours voulu gagner cette course. C’a l’a toujours ennuyé, Ù dit Coleman.

La nécessité exige de Coleman qu’elle garde constamment un oeil sur son élève étoile. Et quand elle ne peut être lèa, elle fait totalement confiance èa son personnel pour conserver Betting Line en condition de course.

« J’ai utilisé de nombreux gardiens pour ce cheval. C’est un reproducteur. Il n’est pas méchant, mais il est vraiment difficile èa contrôler et il aime être le patron, » dit Coleman.

Sur recommandation de Drury, Paige est un choix naturel pour le poulain fougueux.

« Je savais qu’elle était plus ou moins née et élevée dans le domaine et qu’elle avait travaillé auprès des chevaux toute sa vie. Elle sait ce qu’elle fait et je savais qu’elle était la bonne personne pour le poste, » dit Coleman.

Donc, un soir de course, vous trouverez Paige, extrêmement attentive, surveillant de près son élève étoile.

« Il sait quand c’est soir de course et il est gonflé èa bloc. Il est un peu plus difficile à soigner ces soirs-là, parce qu’il est fin prêt pour la course, »7 dit-elle, faisant remarquer que maintenir le gros cheval peut s’avérer toute une tâche. « Il est un peu difficile et rue un peu, mais rien que je ne puisse contrôler. »

Le fait de travailler auprès de Betting Line, a rappelé de bons souvenirs à la jeune soigneuse.

« Fool Me Once et Betting Line se ressemblent, » admet-elle. « Fool Me Once veut toujours pincer un petit peu et jouer. Tous les deux ont de la classe. Ils ont tous deux une très longue enjambée qui s’étend bien devant leur nez. Ils peuvent couvrir beaucoup de terrain. »

Paige a, elle aussi, parcouru beaucoup de chemin au cours des deux dernières années. En septembre, elle ira au Conestoga College pour obtenir son diplôme d’infirmière.

« J’aime les chevaux, mais je veux aller à l’école pour obtenir, ce que certains appellent, un vrai travail, » dit-elle en riant. « Ce sera difficile, mais je pourrai aller à l’écurie durant les fins de semaine et les soirs de course. Et comme Jonathan conduit, je serai là tout le temps. »

Il semble que Betting Line et sa soigneuse ont tous deux bien grandi au cours de l’été. Paige,à juste titre, est fière de la façon dont sa famille et elle ont évolué.

Ses yeux brillent à la pensée de dire à son père qu’elle a rendu un champion à la North America Cup.

« Je crois que papa serait vraiment fier. J’ai fait beaucoup de progrès en les soutenant, et ma mère et ma sœur en ont aussi fait beaucoup, » dit-elle. « Ma mère est très forte. Elle a fait de notre ferme une facilité d’arrêt et elle a un rand nombre de chevaux là. Nous avons tous fait un bon bout de chemin. »

Il en va ainsi pour son cheval étoile, l’espiègle menace, B-Line.’

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