Intervient

L’automne dernier, les courses attelées au Nouveau-Brunswick étaient en eaux troubles.

À l’instar de la baisse d’auditoire et des paris constatée partout au pays, la province connaissait un profond déclin de ses recettes de courses.

La ‘Saint John Exhibition Association’, responsable de la présentation de courses sous harnais à l’année longue au ‘Exhibition Park Raceway’, en a financé les coûts durant des années. Puis, vers la fin de 2008, elle a pris la décision de s’en retirer dès la saison terminée. Pour de bon. Plus de courses de chevaux.

Mais en même temps que cette nouvelle dévastatrice, s’offrit une nouvelle possibilité pour un groupe déjà actif dans l’industrie. La ‘New Brunswick Harness Racing Industry Association’ un groupe de lobbyistes en faveur du sport, avait amorcé la reconstruction de bons rapports de communication avec le premier ministre Shawn Graham et son gouvernement, dès l’arrivée au pouvoir des Libéraux en 2006. Ils avaient vu l’ouverture se pointer et ils s’y sont glissés -- pour former la Harness Racing New Brunswick (HRNB), sur-le-champ. (CANB – Courses Attelées Nouveau-Brunswick.)

« L’industrie des courses, essentiellement, courait droit à l’implosion, » d’expliquer le président de la HRNB, Jamie Hachey. « Nous avions déjà la responsabilité de la distribution du supplément gouvernemental aux bourses pour les courses ordinaires et des bourses pour les courses ‘stakes’ de la province. Le ministre de l’Agriculture, Ron Ouellette), a constaté que nous étions un organisme responsable et il a suggéré que nous rassemblions tous les intervenants.

« C’est ce que nous avons fait en septembre dernier – réunir 40 propriétaires, entraîneurs, fermiers et éleveurs » poursuit Hachey. « La veille de cette rencontre, la province a annoncé qu’elle allouait à l’industrie 150 terminaux de loterie vidéo qui lui procureraient un financement opérationnel lorsque celle-ci lui arriverait avec un modèle de travail viable. Nous avons discuté durant deux jours et c’est un groupe uni qui en est ressorti. » En même temps, plusieurs comités étaient déjà à l’oeuvre pour élaborer un modèle de gouvernance et d’exploitation et rédiger la constitution de ce qui deviendrait la HRNB.

Toutes leurs actions furent bien accueillies, ce qui encouragea la participation gouvernementale.

« Les courses attelées sont un atout et profitent à l’agriculture du Nouveau-Brunswick; elles créent des emplois directs, donc un revenu à des centaines d’exploitants de fermes, d’entraîneurs, de palefreniers, de même qu’à d’autres soigneurs de chevaux, » de déclarer le ministre Ouellette lors de son annonce de l’attribution des ALV. « En tant que gouvernement, nous avons l’obligation de travailler avec l’industrie afin d’identifier toutes les avenues possibles pour que l’industrie soit durable et autonome. »

« Nous avons entendu quelques inquiétudes de la part de l’industrie des courses attelées relativement à la viabilité de son avenir, et nous avons l’impression que c’est une très bonne solution pour faire face aux défis qui sont les leurs, » d’ajouter le ministre des Finances, Victor Boudreau, dont le ministère encadre la stratégie responsable des jeux et paris de la province.

À la fin, c’est la stratégie d’un organisme sans but lucratif qui s’est révélée gagnante pour les hommes de chevaux. Le modèle, accordant à la HRNB, toute l’autorisation légale pour négocier et conclure des ententes lui permettant de présenter des courses, a été adopté à l’unanimité. L’organisme a le pouvoir de signer des baux avec des fermes, des pistes, des installations environnantes, et pratiquement tout ce qui est afférent aux courses de chevaux.

Cet organisme sans but lucratif, tiré d’une vaste étude réalisée sur divers arrangements possibles à travers l’Amérique du Nord, permet que tous les profits après dépenses, soient réinvestis dans le sport – y compris dans les bourses, les infrastructures – nouvelles ou améliorées – la promotion, etc. La HRNB a signé une entente de cinq ans avec l’Exhibition Association à Saint John en mars dernier et est en attente d’autres d’ententes à long terme avec Woodstock et Fredericton.

Le fait de travailler dans ce cadre unique, la HRNB représente fort probablement la meilleure occasion ayant été donnée à l’industrie de retrouver le chemin du renouveau et de la viabilité dans les provinces Maritimes. Les ALV font partie intégrante du modèle d’affaire florissant, et Hachey prévoit que leur exploitation pourrait débuter dès cet été à Fredericton et Saint John.

Les projets futurs en lien avec les ALV sont en suspens jusqu’à ce que le gouvernement mette en application sa stratégie concernant les jeux et paris. Entre-temps, le gouvernement provincial a octroyé du financement d’aide au démarrage à HRNB pour l’aider à mener à bien ses projets à court terme.

Parmi les conditions mises de l’avant par le gouvernement, les ALV seraient alloués aux seules installations pour lesquelles une demande aurait été faite par la nouvelle organisation. De même, l’organisation et les endroits devraient rencontrer les normes d’affaires et de performance décrites par l’Atlantic Lottery Corp., laquelle exploite le programme des ALV de la province. Le programme serait révisé au bout de cinq ans, et durant ces cinq années, l’industrie ne serait pas assujettie à un seuil minimum de revenus par les administrateurs du programme.

L’organisme HRNB étudie la possibilité d’instaurer plus de sites de pari hors piste et de distribution de signaux des hippodromes du Nouveau-Brunswick et d’ailleurs dans les Maritimes, pour financer les bourses. À cet égard, un groupe de travail régional a été mis sur pied pour analyser l’option d’un réseau et Hachey, un policier à temps plein du Service de Police de Saint John et partenaire dans les exploitations d’élevage des fermes Whim Farms à l’Île-du-Prince-Édouard et au Nouveau-Brunswick, constate que la coopération semble au rendez-vous pour ce qui est du réseau régional.

Bien que les bourses aient été augmentées, la HRNB a débuté la saison sans le financement enrichi des bourses des courses ordinaires. La province a accepté d’y aller d’une contribution annuelle de 200 000 $ dans le cadre du programme ‘Atlantic Sires Stakes’, alors l’organisme, dans l’intermédiaire, soutient les bourses par les revenus des paris lors d’événements sur place et en simultané et en freinant les coûts.

Aujourd’hui, avec le début de la saison de course, les amateurs ont pu constater des changements dans les horaires de course de la province. Par exemple, à Fredericton, plusieurs programmes de courses seront disputés les jeudi soirs au lieu des traditionnels mercredis. Quand cela s’est produit, EPR a réagi en passant des samedis aux dimanches, un geste qui, aux dires de Hachey, offre la possibilité d’inciter plus d’amateurs à venir à l’hippodrome et d’augmenter la cagnotte des paris. Il se tient un grand marché aux puces sur les terrains de l’EPR les dimanches, dit-il, alors c’est possible d’attirer quelques-uns de ces clients à l’hippodrome. De plus, ils pourraient avoir la chance d’amener à l’hippodrome des gens autrement nullement reliés aux courses en organisant des festivals gourmands et des foires d’exposition. Après tout, la HRNB – tout comme toute l’industrie des courses – veut amener des nouveaux venus et surtout des jeunes vers le sport, tant dans les écuries qu’en tant qu’amateurs.

Une cabine promotionnelle sera d’ailleurs bientôt installée dans le local du marché aux puces, et elle sera munie d’appareils de télévision et de pari, de dire Hachey.

Le Dr Paul Hogan, directeur de course, à la Commission des courses attelées des Provinces Maritimes, mentionne que la constitution de la HRNB est « probablement la lumière la plus brillante que nous ayons vue au bout du tunnel depuis fort longtemps. Le fait qu’il y ait un groupe en place qui souhaite faire ce qui se doit pour le bien de l’industrie, signifie que c’est le bon groupe au moment approprié, » ajoute-t-il.

Todd Trites de Fredericton, maintient que l’avènement de l’assotiation Harness Racing New Brunswick est très certainement l’injection dont la province avait besoin, puisque les choses allaient si mal.

« Les courses sont manifestement sur la bonne voie et je pense que ça va faire boule de neige, » dit Trites, détenteur du plus grand nombre de victoires, soit 206, et gagnant du montant le plus élevé en bourses, soit 321 482 $, de la région de l’Atlantique, l’an dernier. « Il y a bien eu quelques embûches… nous avons commencé tard, par exemple, mais c’est en grande partie à cause du mauvais temps. Tout est bien et je reste positif. »

« C’est vraiment notre unique bonne tentative de renverser la situation, » suggère l’homme de chevaux de Saint John, Sam Hodgin fils. L’entraîneur et conducteur avoue que la sensation est bonne et que l’attitude générale dans la section des écuries est meilleure quant à la façon dont les choses progressent.

« Nous avons cessé de reculer pour aller de l’avant » dit-il. « L’association HRNB sait ce qui doit être fait et elle travaille dans ce sens. »

Hodgin, qui est président de la Saint John Harness Horse Association, entraîne et mène quatre chevaux à EPR; il est aussi très en demande comme conducteur de relève. Il est particulièrement heureux de voir que quelques propriétaires qui n’avaient pas été vus aux environs de l’hippodrome depuis plusieurs années, sont revenus. « Quelques-uns ont participé à tous les programmes et d’autres envisagent d’effectuer un retour. »

La saison à l’EPR a débuté le 18 avril – avec 43 programmes en 41 jours – alors que le début de la réunion avait été prévu pour le mois de mars, perdant ainsi quelques jours, lesquels pourront peut-être ou pas, lui être compensés, et cela en raison des dures conditions climatiques hivernales. À Fredericton, où il y aura 21 programmes en 18 jours de course, la réunion a commencé le 18 mai, alors qu’à Woodstock, il y aura une journée de course en juin en plus d’un programme en août dans le cadre d’un programme élargi de l’exposition.

Hachey était très optimiste le jour de l’ouverture à Fredericton alors que la foule nombreuse a triplé le montant des paris faits le jour de l’ouverture en 2008. La foule et la cagnotte étaient soutenues par le fait de la présentation d’épreuves ‘stakes’ du programme ‘Atlantic Sires Stakes’ et de l’atmosphère familiale qui régnait sur les terrains adjacents comprenant des manèges de poneys, maquillages et autres activités familiales. Une journée familiale semblable est prévue à l’EPR pour sa journée d’ouverture cet été. Hachey dit que la cagnotte sur place pour les cinq premiers programmes de la saison se compare à celle du dernier mois de 2008, et ce, même sans aucune publicité. Jusqu’à présent, les paris en simultané ont augmenté de 10 % cette saison à Saint John et de 100 % à Fredericton.

Et peut-être plus important encore, le sens du communautaire s’est renouvelé – les parties travaillent ensemble, enfin, pour le bien du sport. L’association Fredericton Horsemen’s Association, par exemple, a récemment partagé à 50-50 les coûts du travail à être effectué sur le tracé, lequel était en très mauvais état à cause du dur hiver.

« L’intérêt pour ce qui se passe est phénoménal, » dit Hachey, « tant de la part du grand public que des hommes de chevaux. »

Il sait qu’il reste beaucoup de travail à faire, mais il est plus optimiste que jamais du fait que la HRNB est sur la bonne voie. « Nous faisons ce que nous avons à faire de façon responsable. Nous ne pouvons pas faire les choses précipitamment. Nous réinventons au fur et à mesure et se presser serait inapproprié.

« Il y a beaucoup de belles choses à venir, mais elles prendront du temps. Je suis totalement heureux de voir où nous en sommes présentement. »

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