Si E. P. était ici…

À la mi-décembre, des membres de l’Ontario Harness Horse Association et les hommes de chevaux de la région de Windsor, se sont rencontrés pour discuter de l’avenir. Ils ont parlé de la possibilité de tenir des courses sur 10 jours à Leamington afin de fidéliser un marché local, puis ont évalué le concept d’alternatives à plus long terme, y compris la construction d’un hippodrome à Windsor. Je les applaudis.

Les succès du sport dans des endroits comme la France, la Suède ainsi que l’Australie, sont solidement ancrés grâce à des organismes communautaires locaux. On dénombre par centaines les petits groupes dont le but est de maintenir l’importance du sport à travers le pays, et mieux encore, des organismes sans but lucratif qui mènent l’industrie à des niveaux supérieurs. Ils sont tous nécessaires.

Nous n’avons pas besoin de regarder au-delà de nos frontières pour s’apercevoir de ce qui réussit de ce qui ne réussit pas. S’il ne s’agissait pas d’une action forte de la part de la communauté des courses de chevaux, le sport pourrait bien ne pas exister dans ce pays. Que ce soit en construisant une piste de course en Saskatchewan, repartant à zéro au Québec ou travaillant à conserver ce qu’ils ont dans les Maritimes, voilà plusieurs leçons très claires à retenir.

Sur une plus grande échelle, le fait que Woodbine Entertainment Group est une corporation sans but lucratif conçue avec l’objectif premier de supporter les courses de chevaux en direct est quelque chose que personne d’entre nous dans l’industrie ne doit tenir pour acquis. Et la leçon historique derrière cela est cruciale pour envisager l’avenir des courses de chevaux standardbred en Ontario.

Les propos tenus par E. P. Taylor en 1947, peu de temps après avoir été nommé directeur de l’Ontario Jockey Club, sont encore pertinents aujourd’hui. « Les courses présentées dans la province voulaient dire des tribunes délabrées, des mauvaises écuries, de pauvres installations pour le grand public ainsi que de façon générale, une production inférieure, » disait Taylor. Il a alors commencé à acquérir les chartes de courses de tous les hippodromes sur lesquels il pouvait mettre la main : Hamilton, Thorncliffe, Long Branch, Dufferin, Stamford, et ainsi de suite.

Sous la bannière de l’OJC, Greenwood et Fort Erie sont devenus des bijoux des courses canadiennes, et Woodbine a été construit et a ouvert ses portes comme l’une des plus grandes installations de courses de chevaux au monde. Puis vint Mohawk. Des courses de thoroughbred et de standardbred étaient disputées pratiquement tous les jours au nouvel OJC, et les clients qui avaient déjà mis de côté les courses dans d’autres installations, sont revenus en foules. Taylor n’a pas fait cela en s’appuyant sur des arguments factices. Sa vision et ses actions ont nécessité un énorme leadership, une planification de maître et un immense travail de la part de l’équipe en place à l’OJC.

Je ne sais pas si la version moderne d’ E. P. Taylor était au Legion Hall à Windsor, mais j’espère qu’il y était. Que dirait-il des douzaines de pistes pour standardbred et les pistes d’exposition à travers la province qui fonctionnent avec peu de direction? Que dirait-il de la façon dont les jours de course sont alloués, dans le désordre et selon le bon vouloir des opérateurs de piste, ou le médiocre traitement des clients dans plusieurs de nos installations? Je devine qu’il commencerait par une vision, l’élaboration d’objectifs et de la façon d’y arriver.

C’est encourageant d’entendre que les premières étapes sont en marche dans le sud-ouest de l’Ontario. Nous voyons du leadership de la part d’un groupe d’hommes de chevaux qui n’ont plus le choix que d’élaborer un plan directeur et une stratégie. Au cours des prochains mois et années, ils auront besoin d’une grande force, de vision et de leadership pour persévérer. La plus grande réalisation de Taylor dans les années 1940 a été de créer un plan non seulement pour un jour, mais pour l’avenir. Et aujourd’hui, 70 ans plus tard, dans un monde de grande technologie, il n’aurait jamais pu s’imaginer que nombre de ses concrétisations ont survécu.

Le travail qui sera entrepris au cours des années à venir, déterminera quel genre d’industrie nous laisserons à nos enfants et petits-enfants. Et c’est une responsabilité que nul ne peut prendre à la légère.

Darryl Kaplan
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