POINT DE VUE: Expliquez-vous, s’il vous plaît

Il me semble que quand un cheval court bien à l’intérieur de 13 pylônes consécutifs dans un dernier droit, qu’il dépasse le cheval devant lui, puis revient en piste pour aller gagner une course, il devrait être disqualifié. Mais le 28 octobre de l’an dernier, trois juges – de la Commission de course de l’Ontario – en ont décidé autrement.

La course s’est déroulée de cette façon : Don McElroy, aux guides du favori de la course, Dream Well, a couru deuxième durant presque toute la course. Greystone Dylan, le meneur, dont le conducteur était Larry Nickle, a été en tête du peloton durant tout le mille et dans le dernier droit.

Selon ce que le public a vu du déroulement de la course, il apparaît que McElroy, réalisant qu’il n’avait aucune autre façon de sortir de la deuxième place, a dirigé Dream Well vers l’intérieur du tracé pour ensuite dépasser son adversaire et éventuellement franchir le fil d’arrivée premier. Ce faisant, cela lui a permis de gagner du terrain, il a terminé la course premier, mais aux yeux de ceux qui regardaient, le résultat de l’enquête des juges qui a suivi aurait dû être une disqualification rapide.

Ce qui s’ensuivit fut plutôt une tempête de fans mécontents et de participants renversés par cette non-décision. De nombreuses explications furent discutées et rejetées sur les sites Internet de l’industrie et dans les arrière-pistes, mais le consensus demeurait; c’était une parodie. Presque trois mois plus tard, le 13 janvier 2009, la Commission a renversé cette décision, reclassant Dream Well et modifiant l’ordre officiel des positions au fil d’arrivée. Le communiqué de presse se lisait comme suit :

Tous les commissaires de la Commission de course de l’Ontario sont tenus de rendre des décisions judicieuses et bien fondées, dans le respect des Règlements de course. En certaines occasions, ces décisions font l’objet de vigoureuses contestations, celles-ci étant jugées ‘inéquitables’. Mais c’est la nature de l’arbitrage.

C’est pourquoi le processus d’appel est si important pour assurer l’équité et l’intégrité dans toutes les décisions. C’est aussi pour se conformer à notre mandat qui est de protéger l’intégrité des courses de façon transparente et responsable.

Pour les propriétaires de quelques chevaux, le processus était juste.

Mais pour ceux qui avaient parié un montant cumulatif de plus de 13 000 $ sur la course, pour Western Fair (l’hippodrome impliqué injustement dans cette tempête), de même que pour les amateurs à travers le pays, les choses étaient moins équitables. Est-ce qu’une bonne explication a été fournie pour valider la façon dont on a pu en arriver à une telle décision? Non. Est-ce que la Commission a affiché les motifs de cette non-décision sur son site Web le lendemain matin? Non. Ont-ils convoqué une réunion d’urgence pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise? Non.

En Australie, les enquêtes des juges sont diffusées en direct par la télévision après le déroulement d’une course, y compris les entrevues avec les jockeys, les discussions et la décision. À Hong Kong, les juges détaillent chaque incident de course de façon remarquable, et les publient en-ligne.

En Ontario, l’une des juridictions de course les plus riches d’Amérique du Nord, on serait en droit de s’attendre à ce que les résultats d’une enquête par un juge fassent l’objet d’une décision écrite et détaillée – à toutes les fois. On serait en droit de s’attendre à ce que le juge se dirige vers la tribune de l’annonceur pour expliquer au public les faits et les motifs de sa décision. Et on exigerait, en cas de controverses comme le cauchemar de relations publiques entourant le 28 octobre, que les communiqués de presse et messages podcast soient à l’ordre du jour afin de se conformer à leur mantra – ‘protéger l’intégrité des courses de façon transparente et responsable.’

En 2009, le mot transparence n’est pas un vilain mot. Tout ce que nous faisons aujourd’hui, on le fait au grand jour. Nous partageons constamment nos pensées, nos décisions et nos idées et nous ne nous contentons plus d’accepter à l’aveuglette les règlements. À peine quelques secondes après l’amerrissage d’un avion dans la rivière Hudson, les téléspectateurs de partout à travers le monde ont été témoins de l’histoire. Immédiatement après qu’un officiel de la NFL ait visionné la reprise d’un jeu, son explication est diffusée aux millions de téléspectateurs.

De nos jours, les temps de réponse se mesurent en minutes, pas en mois.

Sur YouTube, des milliers de personnes ont pu voir la reprise de cette course qui n’aurait pu être vue autrement moins de 24 heures après l’heure du départ. Personne n’a vu le juge en chef de la CCO expliquer publiquement sa décision – parce qu’il ne l’a jamais fait. Les commentaires affluaient, et les discussions ont tourné au vinaigre.

En ma qualité de client des courses, je peux me remettre d’une décision avec laquelle je ne suis pas d’accord. Mais quand votre décision touche mon portefeuille, je mérite une explication détaillée – à toutes les fois.

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