The Herd Mentality (Francais)

Sachez pourquoi l’entraîneur et éleveur, Bob McIntosh, croit au fait que courir en troupeau aide les yearlings à se développer en chevaux combatifs et ­compétitifs se forgeant une attitude de ­gagnant en piste.

Et comment cette façon de penser lui a valu non seulement le titre de ‘l’Armstrong Breeder of the Year’, mais, ­aujourd’hui, son intronisation au Temple de la renommée canadien des courses.

Story by Bernard Tobin
Photos by Matt Waples
Traduction par Louise Rioux

À 11 h, par un beau matin de la mi-juin, l’entraîneur Bob McIntosh est l’un des hommes les plus occupés du monde hippique des courses. Avec ses 100 têtes à l’entraînement à sa ferme de LaSalle, Ontario, McIntosh descend de son bicycle, remet les rênes à un palefrenier, répond rapidement à son cellulaire et prend les rênes d’un autre cheval qui est prêt à courir son mille d’entraînement.

Sur le côté de la piste, se tiennent des membres des CSX Stables, partenaires de longue date de McIntosh en régime de copropriété, qui sont venus d’Ohio pour voir l’entraîneur et membre du Temple de la renommée, à l’œuvre dans les derniers préparatifs des deux ans en prévision de leur première saison.

Sept fois nommé Entraîneur de l’année au Canada, McIntosh, âgé de 57 ans, a formé sa part d’excellents chevaux, y compris des géants tels Artsplace, Artiscape, Staying Together, Camluck, Whenyouwishuponastar et Western Shooter, pour ne nommer que ceux-là.

Mais aujourd’hui à la ferme, McIntosh et CSX portent un intérêt particulier aux deux ans qui sont en action sur l’ovale. La grande majorité de ces deux ans sont des produits de la ferme, propriétés et élevés par McIntosh et ses partenaires, qui ont mis sur pied l’une des plus grandes et puissantes exploitations de standardbred au Canada. En 2009, ils ont enregistré 37 foals, ce qui les place au troisième rang au pays après Seelster Farms (59) et Al Libfeld (41).

McIntosh mentionne que lui et ses partenaires, y compris son cousin Al McIntosh et Dwight Stacey, se sont sérieusement intéressés au domaine de l’élevage il y a 20 ans. « C’était au temps où nous dépensions beaucoup d’argent pour des yearlings très coûteux, » dit-il. « Quand vous achetez un poulain au fort prix, c’est le plus grand risque à prendre parce qu’il n’a aucune valeur résiduelle advenant qu’il ne se développe pas en tant que cheval de course. »

Mais le gagnant de 15 titres de la Breeders Crown avait quelques idées sur la façon de gérer le risque et de conséquemment, augmenter les retours. « J’ai dit ‘établissons-nous un plan ne retenant que les bonnes juments de course’. »

Il lui démangeait aussi de tester quelques-unes de ses idées personnelles quant à l’élevage et la préparation des chevaux. « Bon nombre de bonnes fermes produisent d’excellents yearlings, mais il y a celles qui élèvent des chevaux pour qu’ils soient beaux. Ils sont chouchoutés dans un cocon et ils ne sont ni rudes ni combatifs, » dit McIntosh, rarement aperçu aux enchères de yearlings ces temps-ci.

L’homme de chevaux travaille maintenant à amener 40 de ses rejetons aux courses chaque année et il croit que favoriser une mentalité de troupeau est la meilleure approche pour produire les meilleurs chevaux de course. Il dit que lui et son gérant, Wayne Hauser, élèvent des chevaux pour gagner – et pour battre le troupeau, il faut courir avec le troupeau. « Ma philosophie repose sur le fait que ce sont des chevaux et qu’en tant que tels, ils doivent être élevés en troupeaux. C’est la génétique du cheval, » souligne-t-il. « Quand une jument à mis bas, son rejeton n’entre plus dans une stalle jusqu’au jour où nous devons l’emmener en écurie pour son débourrage. »

« Pour avoir entraîné autant de chevaux au fil des ans, » d’ajouter McIntosh, « je peux dire, juste à en juger par leur attitude, si un cheval a été élevé avec peut-être un seul autre cheval ou s’il a grandi en troupeau. »

Ils ont probablement été bichonnés, souligne-t-il. Il est for probable qu’ils n’ont pas été mis au défi et qu’ils seront difficiles à motiver.

C’est une façon de penser qui a certainement fonctionné pour l’homme de chevaux – après tout, les Robert McIntosh Stables ont reçu le titre de l’Armstrong Breeder of the Year 2007, et récolté le prix tant convoité d’un O’Brien en reconnaissance de ses succès retentissants.

Au cours des deux dernières décennies, l’équipe McIntosh-Hauser estime avoir élevé environ 600 yearlings, mais avoue qu’ils n’en ont vraiment jamais fait le décompte. Ils savent par contre, qu’ils ont produit trois millionnaires : In Conchnito (1:54, 1 084 918 $), Please Me Please (1:51.2, 1 033 155 $), Electrical Art (1:51, 1 010 568 $), et un grand nombre de participants aux plus grandes courses ‘stake’, y compris le trotteur Text Me (1:54.3, 521 286 $) présentement sur le circuit Ontario Sires Stakes.

McIntosh admet qu’il tire plusieurs de ses idées du regretté Norman Woodward de la ferme Stoner Creed Stud du Kentucky. « J’ai connu beaucoup de succès en achetant de Norman. Il avait la même philosophie. Quand ses poulains arrivaient à la vente, leur poil était quelque peu décoloré et ils avaient couru dehors jusqu’à la nuit précédant leur transfert à l’encan. Ils avaient été travaillés, certes, mais ils n’avaient pas été bichonnés, et son élevage a produit excellents chevaux après excellents chevaux. »

Parmi les poulains que McIntosh a achetés de Woodward, se trouvent Squirter (1:53.3, 601 294 $) et Sunday Driver (1:53.2, 503 295 $). « J’avais dit à Norman, de son vivant, qu’il était mon héros pour la façon dont il élevait ses chevaux. Cela nous faisait bien rire. » McIntosh compte aussi parmi ses principales influences, le spécialiste du pedigree, Norman Hall, et Dre Moira Gunn, gérante de la ferme des Armstrong Brothers.

Depuis 20 ans, McIntosh et Hauser ont une entente scellée sur une poignée de main plaçant les weanlings aux bons soins de Hauser, un pompier à la retraite, qui a fait dans l’élevage de bovins durant plusieurs années avant de se tourner vers l’élevage de chevaux. « Il sait ce que je veux et il fait un excellent travail de supervision des chevaux, s’assurant qu’ils soient nourris à l’heure et gardant un œil sur tout, » dit McIntosh. Hauser coordonne les repas quotidiens – utilisant la marque de nourriture personnelle de McIntosh – de même que tous les soins requis, des vaccins aux vermifugations mensuelles et soins aux sabots.

Les 50 poulinières de l’équipe poulinent à Seelster Farms. Elles sont ensuite fécondées à nouveau et la jument et son poulain sont envoyés à Hauser sur la ferme de sa partenaire, Karen Currah, près de Clachan, Ontario. Les bébés sont sevrés à l’automne et s’en vont ensuite à la ferme de Hauser aux environs de West Lorne où ils resteront jusqu’au printemps suivant avant de déménager sur une autre ferme de 100 acres, au nord du centre d’entraînement de McIntosh à LaSalle. Hauser a présentement deux troupeaux de yearlings de deux ans sur sa ferme – 19 juments poulinières et 19 poulains.

Tout comme McIntosh, Hauser croit que le fait de courir parmi un troupeau rend les chevaux plus endurants et plus combatifs et cette attitude se transpose en piste. « S’il est le chef de file du groupe, celui qui viendra à vous le premier au champ signifie qu’il est brave et qu’il veut être en avant. » Hauser dit que Mr G (1:52.3, 961 000 $), un des premiers de l’élevage détenu en copropriété avec le défunt Bob Probert des Red Wings de Détroit, fut le premier à être remarqué à faire cela. « Même s’ils ne faisaient que courir pour aller à l’abreuvoir, » dit-il en souriant, « il fallait qu’il soit en avant. »

Hauser croit qu’on peut beaucoup apprendre des jeunes chevaux juste à les regarder se déplacer parmi le troupeau. « Il y a toujours des exceptions, mais si vous en avez un qui veut être le leader du troupeau, il voudra aussi être le leader en piste, » dit-il. « Ils ont leur ordre hiérarchique et s’ils sont au bas de cette hiérarchie, je ne crois pas en leurs chances. »

Les chevaux ayant été au haut de cette hiérarchie au cours des ans comptent Whenyouwishuponastar, élue Cheval de l’Année en 1996 au Canada. « Elle était la meneuse, » se rappelle Hauser. Un autre cheval qui entrait dans cette catégorie est Artistic Pleasure, gagnante de plus de 400 000 $. « On ne pouvait pas la tenir bébé, » dit-il en riant. « On ne les dresse pas beaucoup quand ce ne sont que des bébés, on ne fait qu’entretenir leurs pieds. Ces bons chevaux-là, on ne peut pas les tenir – ils vous emporteront avec eux. »

Et quand vient le temps de choisir ses favoris, Hauser passera volontiers de la parole aux actes en investissant son argent. « Je mise sur eux, » dit-il dans un sourire. Il se quête souvent une place, les jours de course, dans les remorques de McIntosh qui passent près de sa ferme en route vers les hippodromes Mohawk et Woodbine.

Un puissant cheptel de juments poulinières est aussi la clé du succès dans l’élevage, et McIntosh souscrit entièrement à cette théorie. « Il faut que vous ayez un cheval avec du talent. Peu importe comment ils sont élevés, ils ne seront jamais meilleurs que ce avec quoi ils sont nés. »

En regardant ses propres juments poulinières, McIntosh souligne des noms tels que ceux mentionnés ci-avant, Artistic Pleasure, une jument par Artsplace que les partenaires ont retenue après que ses jours de compétition furent terminés. Elle s’est révélée une des meilleures poulinières dont la progéniture compte les millionnaires Please Me Please et Artistic Wonder, qui a gagné plus de 450 000 $.

La mère de Artistic Pleasure, Magenta, est l’une des juments fondatrices du cheptel de McIntosh. « Nous l’avons achetée en tant que yearling. Elle n’a pas réalisé de grandes choses en piste, mais nous l’avons accouplée, dans les premières années, à Armbro Getty, un fils de Abercrombie. » Il a gagné 10 de 16 départs avant qu’une blessure ne mette fin à sa carrière. De cet accouplement est né le leader du groupe mentionné plus haut, Mr G.

McIntosh dit anticiper le succès continu de jeunes juments telles que Los Angeles, une fille de Camluck et gagnante de 289 213 $. Ses deux premiers rejetons ont aujourd’hui gagné plus de 200 000 $. « Elle a été une plutôt bonne jument de course et elle s’avère être une plutôt bonne productrice. »
Mais McIntosh admet que les éleveurs doivent faire des choix difficiles parfois quand vient le temps d’évaluer le rendement d’une jument poulinière. « Il faut leur donner une chance, mais si elles ne délivrent que des chevaux ordinaires, il faut vous asseoir et analyser cela sérieusement. » Il essaie de vendre 10 pour cent du troupeau chaque année.

Pour le côté géniteur de l’équation, McIntosh se fie davantage à son intuition comme entraîneur. Après tout, il a entraîné plusieurs des étalons qu’il accouple avec ses juments. Un de ses anciens stagiaires, Camluck « a vraiment fait que tout démarre, » dit-il. Il a aussi eu beaucoup de chance avec Artiscape et Artsplace, deux chevaux qui lui ont valu des accouplements à vie pour ses efforts en entraînement.

Son cousin Al McIntosh, l’un de ses partenaires depuis longtemps, travaille étroitement avec Bob quand vient le temps de sélectionner les pères. « Il est expert en pedigrees, » dit Bob. « Dans les premiers temps, nous ne faisions qu’accoupler en fonction de la conformation du cheval. Maintenant, nous portons une attention spéciale à la lignée. Je lui dis que si ça ne fonctionne pas, nous devrons revenir au plan A. »

McIntosh admet également que Camluck, géniteur de 19 millionnaires avec des gains totals pour sa progéniture de plus de 168 M $, a également été un atout important dans son plan A. « J’aime penser qu’au tout début, je l’ai mis sur la carte parce qu’il n’avait aucune jument, » plaisante-t-il. « Une année, je pense que je l’ai accouplé à 20 juments alors qu’il n’avait pas encore fait ses preuves. À ce moment-là, je me suis dit…de deux choses l’une – soit je passe pour un authentique génie ou je passe pour un parfait idiot. »

Heureusement, des deux alternatives – il semble bien qu’il ne soit pas un parfait idiot.

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