Qui a raison?

Quiconque ayant pris place dans la grande tribune ou un salon de paris pour y passer une soirée de courses, sait que chacun a sa propre théorie. Certains passent la plus grande partie de la soirée à célébrer leurs connaissances en handicaping tandis que d’autres déplorent leurs coups ratés de justesse. Les clients des courses de chevaux sont à coup sûr des phénomènes! TROT a récemment passé une soirée à l’hippodrome Woodbine Racetrack, parlant avec des parieurs de leur histoire personnelle à l’hippodrome, leurs plus grandes victoires, leurs angles favoris, ainsi que de
leurs stratégies de pari uniques.

Par Garnet Barnsdale / Traduction Louise Rioux

Quel est votre angle favori de handicaping et pourquoi? Quel est votre meilleur résultat à vie? Votre pire soirée? Quel est votre type de pari préféré? TROT a posé ces questions et plus encore, à plus d’une douzaine de parieurs un glacial vendredi soir de mars à Woodbine Racetrack, pour repartir avec tout un éventail de réponses, quelques-unes prévisibles, d’autres non, mais toutes des plus divertissantes.

Nous avons aussi découvert que si nous recherchons un endroit présentant encore la vraie atmosphère d’un hippodrome, alors le troisième étage à Woodbine, par un soir très froid d’hiver, est un bon endroit où se trouver. Les courses de chevaux par elles-mêmes sont généralement divertissantes… et les parieurs sur les courses le sont tout autant!

Écoutons par exemple, le vétéran parieur, pur et dur, Scott D., de Etobicoke : « J’aime parier sur les chevaux dont le nom contient la lettre ‘R’, » explique-t-il d’un air impassible. La lettre ‘R’… vraiment? « Oui. L’année dernière, j’ai gagné avec un cheval au nom de ‘Love For Money’ grâce à cet angle, » de raconter Scott de façon énergique. « Il a gagné comme à partir d’ici à l’autre côté de la rue, puis j’ai dû attendre les résultats d’une enquête durant une dizaine de minutes, avant qu’elle ne soit rejetée. »

Très bien, la lettre ‘R’. Et le nom était Love For Money. Nous te le concédons Scott. Alors quel est le meilleur résultat obtenu de cet angle? « « 3 800 $ » de répondre Scott immédiatement, impassible. « Et l’année dernière j’ai remporté un Super à 0,20 $ qui m’a valu 600 $ de cette façon! » Scott n’est pas un novice quand vient le temps de sélectionner et de parier, ayant passé les 35 dernières années de ses 52 ans sur terre à fréquenter les pistes locales, à commencer par Greenwood. « C’est mon ami Donnie qui m’y a emmené, » se souvient-il. « Je m’ennuie de cet endroit, » (nous aussi, non, ai-je vitement pensé). Et quelle est la plus grosse cagnotte jamais gagnée par Scott ? « 33 000 $! J’ai misé une Trifecta à 2 $ à Greenwood sur un cheval conduit par Harold Smalley. » Je prends un peu de recul et immédiatement : « Nealies Snap!? » Scott fait non de la tête. Je le remercie et descends la rangée quelque peu désappointé. (Il fallait que ce soit Nealies Snap, n’est-ce-pas? »)

Puis je rencontre trois autres personnes qui, à l’évidence sont ensemble, les deux premiers démontrant peu d’intérêt à converser, mais tous deux pointant le troisième. Je m’en approche. « Certainement; que voulez-vous savoir, » demande John. Commençons par votre âge, John. « J’ai 39 ans, » dit-il en riant – faisant référence à Jack Benny, ce que je lui fais remarquer, à sa surprise. « Jack avait aussi 39 ans à chaque année, John, » lui ai-je répondu. Nous rions à ce souvenir. « Je viens aux courses depuis 30 ans, c’est mon oncle qui ma emmené pour la première fois à Woodbine. » John commence, puis rapidement ajoute qu’il préfère les courses sous harnais aux courses sur le plat. « Ce sont les seules vraies courses à mes yeux. J’en ai eu quelques-uns, il y a des lunes de cela, et c’est pourquoi elles demeurent dans mon cœur. »

Je dois vous le demander : « John, quel a été le meilleur cheval que vous ayez possédé? » Et la réponse me renverse. « Nealies Snap! » «Attendez… qui? » « Nous l’avons eu à un âge avancé, » d’ajouter John. « Il nous a gagné de l’argent. » Il fait la liste des changements d’équipement et de ses premier ou second départs hors réclamations » à titre de ses angles de pari favoris. « Vous les réclamez parce que vous pensez pouvoir les améliorer, » explique-t-il. Le conducteur préféré de John est Jody Jamieson. « Neuf fois sur dix il vous le conduit de juste façon, et c’est tout ce qu’on demande, » remarque-t-il. John est un parieur Gagnant qui dit que sa meilleure soirée en fut une où il reparti avec 1 000 $ de plus en poche. « Je ne suis pas un gros parieur, » ajoute-t-il, et de toute évidence, il aime être aux courses avec sa famille et participer à l’action.

Mais, Nealies Snap? Quelles sont les cotes? J’en parle à mon partenaire de crime, le directeur Publicité de TROT, Dan Fisher, et lui raconte comment le nom du 56 fois gagnant (lequel a couru pour la dernière fois en 1991), a été mentionné lors de deux conversations différentes survenues à quelques minutes d’intervalle. « Dan, j’ai une meilleure chance de gagner les deux cagnottes, Win 4 et Hi-5 de ce soir que j’en ai une que cela se produise! » Je ris, de même qu’il hoche de la tête et rit aussi.

L’une des entrevues les plus intéressantes réalisées par Fisher, fut celle d’un monsieur captif de ses deux portables, Patrick, 59 ans, de Toronto. Un vétéran handicapeur de 40 ans, Patrick raconte qu’il a commencé à aller à l’hippodrome par lui-même parce qu’à l’époque, c’était le seul endroit de jeu en ville. Étant plutôt un parieur sur thoroughbred et préférant les pistes de la NYRA et de Pensylvanie comme Parx and Penn National - « Je n’aime pas la multiplicité, » dit-il – Patrick parle qu’il souhait la mise sur pied d’un programme d’échange sur paris (exchange wagering) qui permettrait aux parieurs de miser sur ou contre des chevaux (en acceptant les mises d’autres parieurs à un prix convenu). Patrick dit qu’il y a de l’argent à faire en acceptant des paris sur des chevaux ‘surjoués’ (over-bet) qui ne gagneront probablement pas, et attend avec impatience le jour où l’échange sur paris sera disponible ici. Quant à ses angles préférés pour parier, il recherche les changements d’écurie - « Soit le passage d’un entraîneur à bas pourcentage à celui d’un pourcentage plus élevé ». Sa meilleure soirée de toutes, a résulté en un gain de 6 000 $. La pire? « Une perte de 5 000 $, » répond-il. Hey, Patrick, as-tu déjà entendu parler de Nealies Snap? Tant pis. Nous poursuivons.

Quelque deux rangées derrière Patrick, se trouve le visage familier de Robert, portant son chapeau de la ‘North America Cup’. Robert est ce parieur fidèle âgé de 68 ans et à l’air toujours jeune, qui joue depuis 38 ans, soit depuis que son bon ami Rick Gamble l’a initié à Woodbine. Il peut se retrouver parmi les Champions la plupart des soirées et journées de courses, mais lui-même ne se considère pas comme un gros joueur. Sa meilleure soirée de courses a résulté en une victoire de 300 $. La pire qu’il ait connue à vie l’a vu perdre 240 $ à Greenwood, un soir où il devait « livrer de la pizza » et prenant plutôt congé pour parier sur les chevaux. L’angle favori de Robert consiste à miser sur les chevaux qui commencent à 5/2 dans les lignes du matin parce « qu’ils gagnent beaucoup. » Pourtant, iIs semblent ne pas gagner assez souvent. « J’ai travaillé durant 17 années pour Purolator, » dit Robert. « Mais je pourrais bien devoir y retourner bientôt, puisqu’il ne me reste plus que quelque trois ans d’argent! » En plus de parier sur les chevaux standardbred locaux, Robert dépense environ 40 $/mois pour jouer le Lotto 6/49 avec ses ex-collègues de travail du géant du courrier. S’il n’arrive rien résultant de cette participation, il va devoir compter sur un peu plus de chance sur ses paris sur son conducteur favori, Rick Zeron, et sur son moins favori, Dougie Brown.

Nous approchant de la porte menant à la section assise à l’extérieur, nous assistons à un vrai moment à l’hippodrome, puisque nous, et tout le monde dans la place, pouvons entendre Anthony, âgé de 54 ans, de nationalité jamaїcaine, qui encourage un cheval gris en pleine lutte dans le dernier droit d’une course de thoroughbred au Delta Downs. Anthony, plutôt de petite stature et arborant un tricot des Argos de Toronto, capuchon calé sur la tête, crie énergiquement la même et unique phrase devant un écran de télévision, alors que son choix arrive au fil en première place, favori à 8/1. Personne ne sait ce qu’Anthony crie, mais tous et chacun dans l’auditoire, est pleinement amusé et rit tout en participant à sa célébration. Par trois fois, nous avons dû lui demander quelle était la phrase qu’il criait avant d’apprendre que grosso modo c’était « Taille-le en morceaux, jockey, » Anthony est un vétéran de 19 ans aux courses et il préfère les thoroughbred, particulièrement à son hippodrome favori, Gulfstream Park. Il s’est initié aux courses de chevaux « en y venant par moi-même », et il nous mentionne que sa meilleure soirée à vie lui a fait gagner 950 $, alors que sa pire l’a soulagé de 1 000 dollars. Bien qu’Anthony joue plus sur les thoroughbred, il a son angle favori chez les standardbred, l’angle-conducteur; « la première fois que Randy Waples conduit un cheval, généralement il gagne. » Quant aux conducteurs qu’il déteste? « Aucun, » note-t-il. « Mais je les maudis tous parfois. »

Assis non loin d’Anthony, un duo d’handicapeurs père-fils, John, 46 ans, et Carmen, 13. Le pari sur les courses sous harnais existe dans cette famille italienne, depuis des générations semble-t-il, John racontant qu’il a été initié au pari sur les trotteurs par son grand-père et son père, et maintenant il y amène son fils. C’est comme un cercle de la vie. John est un vétéran de 34 ans et il préfère beaucoup parier sur les standardbred à Woodbine ou Mohawk – avec une mise en garde toutefois. « Je m’ennuie de Greenwood Raceway et des programmes de course du samedi après-midi plus que je ne saurais le dire, » fait-il remarquer. (Nous attendons une référence à Nealie’s Snap, mais John ne nous en fait aucune mention.) Il se souvient tendrement du jour où l’un de ses amis a gagné 54 000 $ avec un billet Win 4 à 1 $ ‘Quick-Pick’ à Greenwood. Le cheval gagnant ainsi que le conducteur de la manche finale? Hutch et son conducteur Pat Hunt sur le sulky. Le conducteur favori de John ces jours-ci, est Dougie McNair, alors qu’aux beaux jours de Greenwood, il n’était guère un fan de Doug Brown. Les angles de référence de prédilection de ce parieur de longue date, « la vitesse et les négligés » et à sa meilleure soirée à vie, il a empoché 5 000 $ en gains. Le fils Carmen semble tout aussi impliqué que son père ainsi que tous les autres handicapeurs aux guichets, mais il a encore beaucoup de chemin à faire pour rejoindre son père, n’étant un habitué que depuis deux ans.

Nous rencontrons Lynn, qui à 47 ans, est un vétéran des courses sous harnais depuis 17 ans, y ayant été initiée par son mari, qui l’a amenée à Mohawk – et qui fait aussi remarquer que c’est sa piste préférée. Lynn recherche les changements d’entraîneurs et les chevaux qui « font montre d’amélioration d’une course à l’autre. » Bien qu’elle préfère parier sur les standardbred, Lynn note qu’elle a gagné une fois 2 899 $ en jouant un Pick 4 sur les thoroughbred australiens en se servant de ce repère. « Ce fut ma meilleure soirée à vie, » lance-t-elle. « J’ai remporté toute la cagnotte! » Lynn d’expliquer un angle amusant qu’elle a utilisé à son avantage un soir à Mohawk. « Lorsque les chevaux paradaient avant la course, un cheval cessait de hennir fort, » commença-t-elle. « Au début, j’ai pensé qu’il s’agissait d’un poulain qui sentait son avoine mais lorsque j’ai regardé mon programme, j’ai vu que c’était un cheval hongre, et je me suis dit qu’il devait se sentir en forme ce soir. Je mise sur lui! » Cela paraissait peu prometteur puisque le cheval au hennissement se classait au dernier rang aux bornes du quart, de la moitié et des trois quarts. Mais l’histoire a connu un dénouement heureux alors qu’il est sorti au large dans le dernier tournant pour filer droit devant. Lynn jure qu’elle l’a entendu annoncer son arrivée dans un hennissement en courant dans la voie. « Je n’avais jamais vu cela auparavant ni depuis, » dit-elle, notant qu’elle sera dorénavant à la recherche de chevaux de course bavards.

Mark, 50 ans, parie sur les courses sous harnais depuis 32 ans, y ayant été initié à Greenwood, tout comme plusieurs autres répondants au sondage. Son angle de pari est intéressant, il l’appelle « raté du favori ». « Pourquoi? « Parce que c’est facile à détecter, constant, et payant de grandes sommes sur les chevaux que je favorise, » note Mark. « J’ai gagné un Win 4 il y a quelques mois là où je jouais contre trois mauvais favoris. Je l’ai gagné et ai remporté 1 200 $ sur un billet à 0,20 $. Le conducteur local favori de Mark est le gagnant de l’an dernier d’un O’Brien, Chris Christoforou. Sa toute meilleure soirée à vie a résulté en un score de 2 500 $, alors que sa pire lui a rapporté « moins de 100 $, mais je ne me rappelle pas du montant exact. » Si seulement nous pouvions tous en dire autant!

Russ est un parieur âgé de 26 ans qui dit être un amateur de course « depuis près de 20 ans. » Ses pistes favorites pour parier sont WEG et Western Fair, et il dit aimer parier sur des chevaux ayant connu des « courses difficiles » lors de leur plus récente course. Cela paraît être un angle que plusieurs parieurs pourraient adopter; pas du tout dit Russ. « Quelques fois, j’arriverai à trouver de la valeur là ou la plupart des parieurs choisiront d’autres chevaux. Ils oublieront le cheval que j’aime, » mentionne-t-il. « Cela s’avère assez régulièrement. »

Après une soirée passée à interviewer plusieurs habitués de Woodbine – quelques visages familiers, d’autres pas - à part le fait de parfois se sentir comme si nous étions dans une scène du film Let It Ride, une chose est tout à fait évidente. Différence d’opinions est le facteur le plus important qui fait la beauté du pari mutuel. C’est moi c. vous – moins les gains certes – tout comme la base de plusieurs autres angles présentés confronte les opposants aux parieurs qui ont tort à ceux qui ont raison. Et les vrais personnages qui se trouvent dans chaque tribune à travers l’Amérique du Nord et autour du monde? Ils sont le glaçage sur le gâteau!

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