La substance des légendes …

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Au cours de ses 57 premiers départs en carrière, Modern Legend s’est bâti une fiche de bons accomplissements, mais pas nécessairement grandioses.

Story by Keith McCalmont / Traduction by Louise Rioux

Le cheval châtré issu de Modern Art, s’est fait un nom tardivement au cours de sa campagne de trois ans, enregistrant huit victoires consécutives pour balayer les séries Autumn, Snowshoe et Cam Fella, toutes disputées à Woodbine. Il a même abaissé le record des courses stakes de la série Autumn à 1:50.4.

Mais durant la croissance du cheval de l’élevage de Dave Drew, qui n’avait toujours pas couru à deux ans, la concurrence s’est renforcée et les victoires qui auparavant étaient plus faciles, sont soudainement devenues plus difficiles sur le Grand Circuit.

Modern Legend, grâce à ses 57 départs, était bon, mais il avait besoin de ce petit quelque chose d’extra sur sa fiche pour en faire, attendez… une légende.

Il n’y avait aucune indication en cette soirée de la 72e édition du Canadian Pacing Derby d’une bourse de 634 k $, que Modern Legend soit sur le point de faire une percée. En quittant la barrière avec une cote de 68-1, il est fort probable qu’une seule personne à Mohawk, grâce à ce costaud, avait une chance.

« J’ai toujours pensé qu’il avait ce qu’il fallait en lui, » a dit Drew. « Depuis que Modern Legend a fait son entrée sur le Grand Circuit, j’ai cru qu’il avait le potentiel pour gagner une importante course. »

« L’an dernier, il en est venu bien près. Il était deuxième derrière Foiled Again par un cou pour un record mondial (1:48 pile, lors d’une élimination à Ben Franklin aux Poconos.) » Il a été chronométré en 1:47.3 à Meadowlands. Il a une grande capacité et il a pu finir devant chaque cheval contre qui il a coursé en différentes occasions. »

Mais finir devant la plupart de ses rivaux, mais pas tous, sur le Grand Circuit dans les moments cruciaux, laissait les parieurs penser que Modern Legend était de deuxième niveau. Mais tout cela allait bientôt changer.

« Il avait tout simplement besoin que tout tombe en place, » dit Drew. « S’il y a une chose que j’ai entendue à répétition au cours des ans au sujet de ce cheval, c’est qu’il essaiera très fort de faire exactement ce que son conducteur lui demandera. À toutes les fois. »

David Miller prenait les rênes de Modern Legend pour une deuxième fois seulement mais le conducteur, membre du Temple de la renommée, est entré dans la course avec un plan que le cheval était heureux de suivre.

Arrivant dans le premier tournant, Modern Legend s’est retrouvé cinquième derrière un quatuor de chevaux en apprentissage avec en tête, Bettors Edge, Foiled Again, Sweet Lou avec une cote de 1-9 et Clear Vision.

Sweet Lou, dans une séquence de 11 victoires consécutives, s’est éclatée en arrière-piste pour se rendre à la tête enregistrant une marque suicidaire de 1:20.1 aux trois-quarts.

Le temps jouait en faveur de Modern Legend.

« En route vers la moitié, deuxième de la rampe, j’étais encouragé mais je ne sous-estime jamais la puissance des autres chevaux du peloton, » se rappelle Drew. « Il avait encore quatre chevaux de Ron Burke devant lui, et il ne faut prendre rien pour acquis avec ce groupe. »

Toujours aussi patient, Miller a gardé Modern Legend sous couvert jusqu’à demi-parcours avant de le lancer.

« Quand Miller l’a incité, il a tellement bien répondu, » dit un Drew étonné. « Ce n’est que tard dans la course que j’ai vraiment réalisé qu’il y allait pour la victoire. »

C’est aussi tard dans la course que l’annonceur maison, Ken Middleton, a réalisé la fierté et la joie de Drew voyant qu’il allait dépasser Foiled Again qui avait accéléré en retard.

« Modern Legend, loin à l’extérieur, cherche à causer un des lus grands revirements à survenir dans l’histoire d’un Canadian Pacing Derby! » hurlait Middleton tout le long des dernières foulées.

Enfin, une performance légendaire. L’une qui sera racontée pendant des années à venir. Non seulement par les amateurs qui ont apprécié un temps record de 1:47.2 égalant celui des courses stakes, des records de pistes ainsi que le record canadien, mais à travers toutes les histoires de parieurs se réclamant d’avoir le billet gagnant de 135,70 $.

Et comment Drew a-t-il réagi, debout près de la piste, à l’une des fins de course les plus déchaînées fort probablement de toute l’histoire des courses?

« Je n’ai fait que jouir des secondes qui s’égrenaient alors qu’il est passé et s’est engagé dans le tournant. Quel cheval, » a dit Drew dans un large sourire.

Alors, comment fabriquez-vous une légende? Il s’avère que la patience en soit la clé.

En 2000, Drew a acheté une modeste jument au nom de Ruby Cam, une yearling, à l’encan Forest City Sale. Son frère, Greg, a entraîné la pouliche et le duo l’a menée à tour de rôle tout au cours de ses 11 départs qui se sont traduits en six victoires et dont le moment fort fut une victoire dans la finale du Middlesex County Filly Pacing Series Final.

« Elle n’a couru qu’au cours de sa saison de quatre ans. Elle s’est blessée à l’os sesamoїde de l’une de ses pattes arrière aux environs de Noёl alors qu’elle n’était qu’une yearling, » d’expliquer Drew. « Nous avons essayé de lui donner un temps de repos et de la ramener en piste en tant que trois ans, mais elle n’était tout simplement pas assez bien. Elle avait une bonne allure et une bonne attitude, mais elle avait besoin de plus de repos. »

Alors, Drew a attendu pour reprendre lentement l’entraînement.

« Elle a assez bien couru à l’âge de quatre ans, mais sa cheville n’allait pas tenir le coup pour participer aux courses à plein temps. Son allure était vraiment toute en douceur et sa conformation excellente; j’ai donc décidé de la garder et de l’accoupler, » dit-il.

Même si Ruby Cam n’a pas tellement eu de succès en piste, sa progéniture a prouvé qu’elle pouvait connaître le succès avec en tête Web Cam, le frère aîné de Modern Legend.

Mais comment Modern Legend en est venu à ce résultat résulte d’une combinaison de chance et de dur labeur.

Drew, maintenant âgé de 63 ans, détenteur d’un Baccalauréat en génie industriel de la Kettering University ainsi qu’une Maîtrise en Administration des affaires de l’Ivey School of Business de l’Université Western Ontario, a étudié des pedigrees à la recherche de la combinaison parfaite.

« Elle a eu d’autres rejetons avant Modern Legend. Web Cam était issu de Astreos. J’étais à la recherche d’un étalon d’une certaine taille avec un record de course raisonnable. Personne ne savait à ce stage-là, comment Modern Art allait évoluer mais nous avons pris le risque, » d’expliquer Drew. « J’ai analysé les pedigrees des étalons disponibles et ai trouvé une combinaison raisonnable. »

Modern Art n’avait pas une longue histoire en tant qu’étalon, mais il était sur le point d’avoir son porteur de drapeau grâce à la détermination de Grew.

« Cela fait partie de l’élevage. Vous devez espérer pour le mieux pour créer un bon cheval, » de dire Drew.

La patience, voilà le thème qui marque l’histoire à succès de Modern Legend, et c’est une qualité que Drew possède à profusion.

Drew a grandi autour des chevaux et il les regardai;a partir de la grande tribune comme un fan rêvant de participer un jour à ce sport qui l’a marqué dès son tout jeune âge.

« Mon père et mon frère se sont engagés dans le sport des courses de chevaux quand je n’étais qu’un adolescent, et j’avais une certaine expérience sur la ferme puisque je faisais faire le jogging des chevaux et les entraînais sur les distances d’un mille, » se rappelle Drew. « J’avais un oncle qui a lui aussi eu des chevaux sur une petite échelle durant toute sa vie et je me rappelle aussi aller aux foires Western Fair en 1961, dès leur première année d’ouverture, et Windsor Raceway en 1962. Avant cela, je suis allé à des courses aux foires de Dresden et Leamington. »

Mais le travail était plus important pour Drew qui poursuivait sa carrière dans l’industrie de l’automobile, supervisant les opérations de fabrication dans six différentes exploitations de General Motors au Canada. Il a épousé sa femme, Nancy, et ils ont eu deux filles, Lisa et Stephanie.

« Je suis toujours resté en contact avec les courses, possédant un cheval à la fois au cours des ans, alors que mon frère entraînait et menait, » dit Drew.

Une fois retraité, Drew a finalement eu le temps de focaliser sur la passion de sa vie, soit entraîner les chevaux de course, alors que son sens des affaires, développé au cours des décennies passées dans l’industrie automobile, continue de le satisfaire en jouant un rôle actif dans l’élaboration du développement futur des courses de chevaux, et ce, à titre de secrétaire-trésorier de la COSA.

« Ce que je veux faire en partie, c’est d’améliorer l’industrie des courses et trouver des moyens de travailler avec Woodbine et Mohawk afin de poursuivre cette amélioration de notre produit et d’aider les gens de chevaux, » dit Drew.

Il croit que l’intégration continue à la Société des loteries et des jeux de l ’Ontario contribuera à la croissance du sport.

« Étant donné la restructuration en cours depuis les trois dernières années, il est crucial que l’industrie des courses de chevaux resserre les liens avec la SLGO pour sécuriser un vrai partenariat dans l’intégration aux jeux, » de dire Drew. « Il y a un immense potentiel là et la SLJO a l’expertise nécessaire en marketing. Si nous pouvons combiner cela avec le type de produit que l’industrie des courses de chevaux peut offrir, c’est une excellente opportunité. »

Drew est aussi un promoteur de faire entrer la couverture et la promotion des courses sous harnais dans l’ère moderne.

« Nous devons également rejoindre une plus jeune génération, » dit Drew. « Des activités à court terme dans les réseaux sociaux, sous les deux minutes, sont significatifs dans la culture des jeunes, et nous devons trouver un moyen d’intégrer cela à une plus jeune génération habituée à vivre avec des appareils portables. »

Modern Legend, tout comme l’a fait sa mère, a pris son temps pour se rendre aux courses.

« Habituellement, je prends beaucoup de temps avec les chevaux. Je ne les pousse pas beaucoup à deux ans, » dit Drew. « Il a été débourré comme yearling et il s’est rendu au jogging et à un entraînement léger, mais je ne l’ai pas beaucoup poussé. Il est descendu à environ 2:13, puis je l’ai ralenti à la fin de l’automne pour recommencer à trois ans. »

Modern Legend allait finir deuxième, défait par un nez, à son premier départ le 17 juillet 2011 à Flamboro, son propriétaire-entraîneur étant sur le sulky.

« Je l’ai mené lors de ses quatre premiers départs. Il avait de toute évidence du talent. Il était direct à conduire, il voulait courser et il fonçait. Il a gagné à sa deuxième sortie, » dit Drew. « Je n’ai pas mis trop de temps à comprendre que je devais le confier à un conducteur professionnel. »

Cette humble nature en ce qui concerne ses habiletés de meneur a provoqué un rire, mais l’habileté de s’asseoir derrière un cheval en situation de course, est devenue une partie clé de la capacité de Drew à nouer des relations avec ses apprentis.

« C’est un processus. Vous commencez une pièce à la fois avec l’expérience, » dit Drew de l’apprentissage des rudiements à titre d’entraîneur. « Devenir un conducteur amateur avec les Billings Amateur Driving Series et ayant une chance de mener différents chevaux pour ressentir les courses, m’a aidé dans mon entraînement. Cela m’a permis de ressentir la façon dont ils bougent et quel genre d’équipement peut les aider. »

Jack Moiseyev a remplacé Drew comme principal conducteur pour cette impressionnante quête de séries de balayages à Woodbine à sa saison de trois ans, Modern Legend captivant l’attention des médias, des amateurs ainsi que d’autres propriétaires.

« J’ai reçu de nombreuses demandes de la part d’acheteurs pour vendre Modern Legend, mais ma ligne de réponse a toujours été la même : il n’était pas à vendre, » déclare Drew. « C’est le cheval d’une vie. Je le ressentais. C’est un cheval de première classe, il essaie très fort et se court le cœur. Je n’étais absolument pas porté à le vendre à ce moment-là, ni aujourd’hui d’ailleurs.

Il semblerait que Drew qui s’habitue à sa retraite et à son hobby en plein essor, soit celui d’entraîneur, en serait arrivé à ne faire qu’un avec son cheval. Comme il a vendu Web Cam, Drew supervise une écurie d’un cheval unique. La qualité prime sur la quantité et la chance de mettre la main à la pâte avec une légende.

Les deux, cheval et propriétaire, ont pris leur temps avant de se rendre en course, et aujourd’hui, les deux passent leur matinée ensemble, et ce, à tous les jours.

« Il prend son temps, » dit Jen Sharp, qui a fait le paddock de Modern Legend durant toute sa carrière et il travaille côte à côte avec Drew au centre d’entraînement John Hayes.

« Il peut passer deux heures à lui refaire une beauté chaque jour, » rit Sharp. « Le cheval fait son jogging et nage quotidiennement. Dave lui porte une grande attention. Il n’y a aucun doute, cela lui est bénéfique. Il peut prêter attention à chaque petite chose. »

Cheval et entraîneur passent tellement de temps ensemble qu’on dirait que leurs personnalités ne font qu’une.

« Il est tranquille et c’est facile de travailler avec lui; et il est aussi passionné, » ajoute Sharp.

Puis, « c’est plaisant de travailler avec lui, il est équilibré et écoute ce que vous lui demandez de faire. Il ne faut pas le laisser partir. »

Ce qui précède décrit le propriétaire, et ce qui suit, le cheval qui définit sa carrière.

Le moment voulu, Modern Legend devra prendre sa retraite lui aussi.

« Il me le dira quand il sera temps. Mon rôle est de lui prodiguer les meilleurs soins. J’ai le temps de le faire et d’essayer de le garder en bonne condition. Je l’écoute et il me le fera savoir, » de dire Drew.

Par contre, pour le moment, Drew et son protégé se présenteront à leur prochaine course. Un cheval. Un entraîneur, Un objectif – continuer d’en gagner une pour le petit.

« J’ai reçu des réactions significatives de la part de beaucoup de gens heureux de voir que quelqu’un, à plus petite échelle, ait gagné une telle grande course, » dit Drew dans un sourire. « Les gens sont aussi heureux que ‘Legend’ soit de propriété canadienne et entraîné sur la piste domestique. C’est un moment de fierté pour moi. »

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