Il a touché de nombreuses vies...consciemment ou pas.

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Le dimanche 30 juillet lors de la Journée des Légendes du Trot à Clinton Raceway, John Campbell effectuait la dernière de ses 61 396 conduites en carrière.

Vous l’avez probablement vu mener à plusieurs reprises et beaucoup entendu parler de son caractère. Plusieurs d’entre vous avez probablement votre propre histoire impliquant John Campbell. Il va sans dire, cet homme a touché de nombreuses vies. Mais peu de gens connaissent John Campbell, le conducteur, la personne, mieux que ceux contre qui il a rivalisé en piste – ses pairs. TROT a fait appel à un groupe d’hommes de chevaux canadiens de cette catégorie, les invitant à partager quelques-unes de leurs histoires personnelles et souvenirs, et dans certains cas, leurs visions quant à l’avenir, de cet homme que plusieurs appellent le plus grand conducteur de courses sous harnais de tous les temps. Assembled by Dan Fisher / Traduction Louise Rioux

BILL O’DONNELL:

La plupart des gens ont vu John mener tous les grands chevaux dans toutes les courses importantes, mais j’ai tellement et souvent couru avec John, durant vingt ans, soir après soir et dans les dix à douze à courses du programme. Les gens connaissent John pour tous les très bons chevaux qu’il a menés, mais je l’ai vu en conduire des moyennement bons – et il réussissait de ces choses avec ces chevaux-là, et les gens se demandaient « comment a-t-il fait cela? » Et il semblait qu’à chaque course à Meadowlands, dans le dernier droit vers le fil, Campbell, se pointait, tranquillement assis, en deuxième à l’extérieur. Et quelqu’un me disait « où est Campbell? » Et moi de lui répondre « ne t’en fais pas, il est deuxième à l’extérieur. » Et il y était! Il allait gagner. Je l’ai vu faire cela tellement souvent au cours des ans, et particulièrement lorsque j’allais à Meadowlands les premières années… sur demande, quatre soirs par semaine, c’était le temps où il en profitait pour s’imposer, avec des chevaux peu intéressants, et il ne cessait de s’améliorer de jour en jour. Quelqu’un aurait pu gagner beaucoup d’argent simplement en le battant. Bon nombre de ses chevaux étaient négligés à 30/1 et 40/1.

Un soir, je me rappelle que mon oncle avait un de mes chevaux nommé Cheviot à Meadowlands, et j’étais embourbé dans la neige quelque part et ne pouvais me rendre pour le conduire. J’appelai le paddock et ils me dirent que John était disponible, mais en ce temps-là, vous n’étiez pas autorisé à leur parler par téléphone dans le paddock. Je leur ai donc demandé de dire à John que le cheval était sain. De toute manière, il partait en dixième position, et il valait cher. John s’est fait battre par un demi-nez alors qu’il était négligé à 57/1. Quelques jours plus tard, mon oncle m’a appelé pour que je le mène à nouveau lors de sa prochaine course, et je lui ai dit « fais-le encore mener par John…je ne vais pas me déranger pour y aller. Cela ne fait pas de sens. »

John n’avait absolument aucune faiblesse en tant que conducteur. Même s’il avait un mauvais cheval, il vous fallait être prudent parce que cela ne signifiait pas qu’il était déclassé. C’était une certitude.

John pouvait prendre un bon cheval et le transformer en un excellent, s’ils formaient une bonne paire, il en était ainsi. J’ai mené Mack Lobell lors de ses 7 ou 8 premiers départs puis j’ai remis Sir Taurus à John. John l’a conduit par la suite. Au début, ce n’était pas un grand plaisir, ce Mack. Il avait sa propre idée, il essayait de faire demi-tour en course et John a fait un magnifique travail. Tellement de gens ont possédé Mack Lobell, et j’avais le sentiment que la plupart voulaient qu’il soit mené par John de toute façon, et ça me convenait parfaitement. Je ne voulais pas mener un cheval que personne ne voulait que je mène, ça se termine toujours mal. Alors que Dieu le bénisse, et bonne chance. Il en va ainsi dans ce domaine. Cela a rendu le Kentucky Futurity très mémorable pour moi, alors que je l’ai vaincu avec Napoletano. Mack a couru le World Trotting Derby, je ne sais trop quand, la fin de semaine de la Fête du travail… alors c’est un mois entier. J’avais coursé Napoletano la semaine précédente là-bas, dans le Transylvania Derby. Nous sommes tous les deux allés au Futurity et avons gagné assez facilement nos épreuves.. Je n’ai jamais dû quelque peu forcer mon cheval. Alors même si nous parcourions le dernier quart en 26 secondes, je l’ai battu en finale. Mai je n’ai jamais eu à le vaincre de nouveau. Mack n’était pas aussi bon ce jour-là qu’il ne l’avait été auparavant. Il n’était pas aussi bon que mon cheval ce jour-là, mais il n’avait pas couru depuis un mois bien qu’il soit en santé. Mais cela l’a réveillé. Il n’a presque plus jamais été défait cette année-là, et s’il était battu, c’était dans une course très difficile. C’était un cheval coriace, il n’abandonnait jamais. Même jeune, il était comme cela, beaucoup de cran.

Je sais que dans son nouveau poste, John fera le travail. Ou il y travaillera. C’est une grande qualité le concernant, il est tellement organisé – nous avions l’habitude de voyager, et il voyait à toute la planification et l’organisation du voyage. Je n’avais qu’à m’asseoir. John avait l’habitude de me mentir sur l’heure du départ parce que j’aurais toujours été en retard. Si nous devions partir à 9 h 30, il me disait 9 heures, et j’attendais en me demandant « où sont passés les gars? » Ils me prévenaient toujours une demi-heure à l’avance, et je ne pouvais me permettre de prétendre qu’ils ne me disaient pas la vérité à cause de la planification des billets d’avion… il était super. J’ai fait la moitié de mes gains juste à le suivre, alors cela m’a été profitable. Mais notre relation a toujours été parfaite, nous avons voyagé ensemble, et il n’y a jamais eu de froid. En tout cas, rien qui durait longtemps.

JODY JAMIESON

Nous sommes en 2006 au Little Brown Jug, j’avais Doonbeg et c’était ma toute première fois là-bas. Je m’y suis rendu avec Mark MacDonald et famille, et quand nous sommes arrivés, nous étions tous convaincus que Doonbeg avait la meilleure chance. Ça s’est terminé par une victoire de Mark qui est reparti avec le Little Brown Jug avec Mr. Feelgood. Je ne puis me souvenir où est allé Mark exactement, mais j’étais nerveux, et j’en étais à mes tout débuts. J’étais plutôt ami avec John, comme la plupart des gens, et je lui ai demandé où on pouvait se changer ici. Il m’a dit « Viens à ma maison mobile, et tu pourras t’y changer. » C’est ce que j’ai fait, je suis allé à sa maison mobile et m’y suis changé et laissé mon bagage là, et je suis parti courser. Si je me souviens bien, je pense que j’ai été chanceux et terminé avec la troisième position, atteint la finale et arrivé en neuvième position. J’ai donc été très, très chanceux d’obtenir une bonne position. Finalement, je suis parti troisième ou quatrième, et John partit derrière moi avec Armbro Dynamic. Il essayait de me distancer. Je suis presque sorti mais je suis resté à la toute dernière minute, et j’ai fini par déranger mon cheval, le menant à perdre son allure à la demie. Armbro Deuce était en tête et Mr. Feelgood en deuxième, et John s’est finalement amené en tête avec Armbro Dynamic mais n’a pu garder Mark en deuxième. Mark a fini par sortir de la deuxième position pour la victoire. Les premières fractions furent très rapides, et mon cheval allait bien. J’aurais probablement pu sprinter Armbro Deuce si je l’avais sollicité. J’aurais pu éventuellement gagner le Jug cette année-là avec Doonbeg. Mauvaise décision de ma part ne pas l’avoir stimulé et j’ai pensé que j’avais été chanceux d’entrer en finale, et encore plus chanceux de me tailler une place près de la rampe en neuvième position. Puis nous revenons nous changer après les courses et John et moi nous changeons dans la remorque, et je crachais et grognais, j’étais très contrarié. Il m’a regardé, et comme seul John Campbell sait le faire, et il me dit calmement « tu ne peux pas gagner le Jug en restant collé à la rampe. » J’ai bien retenu cela, et l’année suivante, je suis sorti premier de l’épreuve et gagné. Et j’ai pris la tête dans la finale et ai donc gagné le Little Brown Jug. Il n’y a pas de meilleurs mots – personne ne gagne le Little Brown Jug en restant collé à la rampe.

MICHEL LACHANCE

À de très nombreuses reprises, nous nous sommes mesurés aux guides de grands chevaux, Self Possessed, Angus Hall, Western Ideal, Real Desire, Bettors Delight... pour n’en nommer que quelques-uns. Nous avons mené de grands chevaux qui se livraient une dure bataille pour la victoire chaque semaine, nous avons eu nos différends à l’occasion à cause de mon style contre lequel il était difficile de courir, et John était pareil, tout en demeurant professionnels. Quand nous avions un petit argument un soir, le lendemain on se disait « Bonjour, » ou le soir suivant, c’était comme si rien ne s’était passé. Il me respectait et je faisais de même, et c’était très bien comme cela. Un très bon homme contre lequel courser. Un gars intelligent. Nous ne savions jamais ce qu’il allait faire en course, c’était tellement un bon conducteur. Nous nous sentions en sécurité quand nous étions en course contre lui, on savait qu’il y allait et qu’il surveillait nos arrières et nous, les siens.

Nous nous sommes même échangé de bons chevaux à quelques reprises. J’ai eu Matts Scooter de lui. Il a eu Muscles Yankee de moi. Je l’avais mené lors de ses deux premiers départs, puis ne pouvant le mener à Toronto, il l’a obtenu. J’ai reçu Mystical Maddy de lui, parce qu’il ne pouvait la mener un soir, alors je l’ai montée et elle n’a presque jamais été battue.

J’étais très agressif en course, et je peux dire que j’étais ce genre de personne de qui vous ne pouviez jamais savoir à quoi vous attendre. Je pouvais sortir de là, ou venir de derrière, et il avait le même style. Il y a de ces gars contre lesquels vous courez qui sont prévisibles, vous savez ce qu’ils vont faire. C’est beaucoup plus facile de se mesurer à quelqu’un comme lui. Je n’étais pas du genre à étudier le programme la veille, mais une fois derrière la barrière, c’était le moment où je me faisais une idée. Je connaissais les chevaux participants, particulièrement lors des grosses courses. Cela m’a bien servi. John était pareil, on ne pouvait jamais dire ce qu’il allait faire ni où il irait, pas avec lui.

CHRIS CHRISTOFOROU

Je n’oublierai jamais la première fois que j’ai rencontré John Campbell. J’avais environ 14 ans, et c’était aussi la toute première fois que j’allais à Meadowlands. J’y suis allé avec Frank Conlin dans son gros et vieux camion remorque à six chevaux. Tout le monde dans le Jockey Club, ou WEG maintenant, saura de quel camion je parle parce que tout le monde le connaissait comme ‘The Green Hornet’. La grosse remorque verte à 6 chevaux. Ce n’était même pas une remorque, ce n’était qu’un camion avec une grande boîte à l’arrière, où six chevaux pouvaient y loger. Alors nous conduisons vers là-bas. J’ai 14 ans et Frank me laisse conduire environ la moitié du chemin vers Poconos, alors que la Meadowlands Winter Sale s’y déroule, vous connaissez donc l’état des routes. Nous arrivons et on en est à la septième course, nous nous dirigeons vers la dernière ligne droite et stationnons; et c’est la noirceur. Alors nous marchons vers la dernière ligne de la piste, et je franchis la clôture en me servant de mes bras. J’avais 14 ans et mes yeux étaient aussi grands que possible. Je vois Meadowlands pour la première fois. Alors arrive John Campbell défilant avec quelque chose. Ce pouvait être un ‘Free For Aller’, un 5- claimer, a 15- claimer, n’importe qui. Je ne pouvais dire de qui il s’agissait. Mais il se dirige vers nous, et bien évidemment, il voit Frank et dit « Hé Con, comment vas-tu? ». Alors Frank de lui répondre « Hey, Junior ». Ils l’appelaient tous comme cela à l’époque. Et tout en s’approchant de nous, il modère et dit « Qui est ton aide? » Et Frank de répondre « Oh, c’est le fils du Greek’s Boy. » Et Joe de répondre « ça ne se peut pas. » Frank dit « c’est lui, je te le dis, » John de répliquer « non, ce garçon est trop beau ». Puis il est parti. C’était la première fois que je le rencontrais, et j’étais impressionné.

Ce qui est vraiment fou, c’est l’une de ces autres histoires qui me revient en tête impliquant John Campbell et moi-même, et qui est arrivée presque au même endroit, 15 ans plus tard. C’était le jour du Hambo Day 2000, et j’avais une grande chance de gagner l’Oliver Wendell Holmes aux guides d’Astreos. J’ai mené mon cheval à l’avant en route vers la moitié et je venais tout juste de la franchir – John était derrière moi avec Aint No Stopn Him. Comme je traversais il allait être laissé premier. Soudainement, du coin de l’œil, j’aperçois ce vieux gros chat d’écurie assis sur la clôture extérieure… et le voici qui s’amène à toute vitesse à travers la piste venant de la dernière ligne droite. Je suis sur le point de gagner ma toute première course à vie le jour du Hambo Day, et nous aurions pu avoir un grand carambolage. Le chat a couru directement sur la roue et quand je l’ai happé il a volé droit à la poitrine de son cheval. C’était triste à voir, mais il a pratiquement explosé. C’est étonnant qu’aucun des chevaux ne soit effrayé, mais c’est arrivé tellement vite. J’ai gagné la course, et il a fini deuxième, et comme nous retraitions, John se demandait « de quoi il s’agissait exactement? »

Je lui répondis « c’était un chat » Il dit alors quelque chose qui allait comme suit :

« et bien, c’est une bonne chose que ce ne soit pas une mouffette! » Mais il était toujours si calme et posé.

Quelques semaines plus tard, nous coursions avec les mêmes chevaux lors du Cane à Freehold. Je luttais contre Luc Ouellette pour la tête vers le fil d’arrivée, et nos chevaux se sont chevauchés ou autre chose. J’ai échappé mon fouet. Il y a peut-être eu enquête. Mais nous avons terminé en deuxième, derrière Luc menant Powerful Toy, dans une fin serrée.

Après la course, alors que nous étions dehors, John y était aussi – nous attendions pour prendre un vol vers Woodbine, je crois. Il pouvait m’entendre parler à mon père au téléphone à propos de la course, et la dernière chose que mon père m’a dite – et bien, j’étais contrarié parce que je pensais que nous pouvions gagner la course, il a bien couru, mais nous avons été battus, mais moi je l’étais parce qu’il n’en avait jamais encore gagné une majeure à ce jour, vous savez.

Et la dernière chose que mon père m’a dite, fut « ne t’en fais pas, tu gagneras le Jug » et j’ai raccroché. Je n’y pensais même pas. John me demanda « que t’a dit ton père? » et en réponse j’ai éclaté de rire, comme si c’était une blague. Je dis,

« tu ne me croiras pas, il a dit que j’allais gagner le Jug. » Campbell me regarda et m’a souri en disant, « on ne sait jamais mon garçon, ça pourrait bien arriver. » Cela m’a fait du bien d’entendre cela de sa part. Puis, nous étions à peine à quelque trois semaines de l’événement.

Astreos et moi gagnons le Little Brown Jug. Que puis-je dire d’autre, je ne sais pas. Il est comme le Sidney Crosby des enfants. On le met sur un piédestal et il y reste. Voilà. Quand je suis revenu du droit arrière après le Jug, il fut le tout premier conducteur à me féliciter. LE PREMIER! Il m’a servi un discours de quelque deux minutes sur ce que ça devait signifier pour moi, comment je n’oublierais jamais cela ldu reste de ma vie, je l’ai apprécié à ce moment-là, et je l’apprécie encore. J’ai dit quelque chose de semblable à Mark quand il a gagné avec Mr. Feelgood, j’ai tenté de lui servir le même genre de discours.

Je sais, je ne suis pas John Campbell. J’ai dit ce à quoi cela ressemblait, ‘tu sais quoi , tu viens de gagner le genre de course qu’il te faut apprécier pour son importance. Il y a de bonne chance que cela ne se reproduise plus, il te faut l’apprécier.’ C’est ce que John m’avait dit, et il avait raison.

STEVE CONDREN

J’ai mené dans plusieurs courses importantes aux côtés de John, il est toujours un homme de grande classe contre qui se mesurer, bon, mauvais ou laid. J’ai même obtenu un gagnant de courses ‘stakes’ de lui – c’est un bon souvenir. Il a pris Mach Three, et j’ai eu Art Major en Confederation Cup. C’est un choix qui m’a toujours aidé. Je suis pas mal certain qu’il avait mené les deux en courses éliminatoires puis il a choisi Mach Three pour la finale. J’ai eu Art Major et c’est avec lui que j’ai gagné.

Quelque chose qui démontre bien son caractère, me revient à l’esprit et qui remonte à plusieurs années, à Lexington. Je menais un de ses chevaux ou qui lui appartenait en copropriété, et il en conduisait un autre dont j’oublie exactement le nom. Je crois qu’il en avait deux dans la même course. J’ai qualifié le mien pour la finale, et lui, non, et il m’a dit « tu le mènes en finale ». Ou quelque chose comme cela - il y a plusieurs années de cela. C’était ça la classe de John Campbell.

DOUG MCNAIR

IJe sais que c’était difficile de mener contre lui, c’est certain. L’histoire qui me revient le plus en tête le concernant, c’est qu’alors que je n’étais qu’un jeune enfant et que j’allais aux courses une fois, je crois que je l’avais rencontré avec mon père. Je devais n’avoir que cinq ans quand je l’ai rencontré pour la première fois, et quatre ou cinq ans plus tard, avec un copain je le regardais conduire à Mohawk toute la soirée. Je n’étais pas très vieux, mais pour moi il était le Wayne Gretzky de la place.

Je me souviens que nous marchions dans le paddock après les courses, et nous allions le rencontrer, et je ne voulais même pas le regarder, j’étais un peu gêné de le saluer ou autre… je n’étais qu’un enfant de neuf ans qu’il ne connaissait même pas.

Mais il m’a regardé droit dans les yeux et dit, « Hello Doug, comment vas-tu? » et il m’a serré la main. Ce fut assez spécial, et ce l’est encore. Je n’étais qu’un enfant, je l’ai regardé, il se souvenait même de mon nom, et je ne l’avais rencontré qu’une seule fois. À chaque fois que le revois maintenant, il dit me « Hello ». Il est très certainement une personne de grande classe. C’est tout un homme. C’est clair. Je me souviens encore, plusieurs années plus tard, il disait « comment va ta mère Terri Lynn ? » Il connaît toute ma famille depuis plusieurs années, mais il ne demande pas seulement des nouvelles de ma mère… il l’appelle par son prénom. Il se souvenait de mon nom alors que je n’étais qu’un enfant. Une chose que j’ai toujours connue de lui, c’est qu’il se rappelait toujours le nom de quelqu’un. Vous êtes présenté à quelqu’un et bien souvent, vous oubliez son nom immédiatement après les présentations, mais John se souvenait toujours. C’est plutôt sympa.

L’autre bon souvenir que j’ai, c’est quand j’ai gagné le ‘Shes A Great Lady’ aux guides de Precocious Beauty, le coiffant au fil avec Gallie Bythe Beach. C’était probablement ma plus grande victoire à l’époque. Le vaincre par un cou ou quelque chose comme cela. J’ai donc fait tirer une photo, et le photographe m’a envoyé l’épreuve sur laquelle John n’apparaissait pas. Je la lui ai renvoyée en lui disant je voulais que John y soit. Ce serait quelque chose à regarder dans 30 ou 40 ans. Il l’avait coupée au sulky. Maintenant j’ai une grande photographie avec John me regardant. Une très belle photo, c’est certain. C’est difficile de vaincre John en course, surtout lors d’une grande course comme cela. Gagner le ‘Shes A Great Lady’ fut merveilleux, mais gagner contre John Campbell au fil en a fait un événement encore plus significatif – je le voulais sur la photo.

RON WAPLES

Il était bon, il était sympathique. Il l’a toujours été. Je l’ai vu lors de ses débuts en tant que jeune conducteur, et je l’ai observé durant toute sa carrière, il a toujours été un gars calme contre qui conduire. Pour ce qui est de la rivalité, quand la barrière donne le départ, il y a toujours une rivalité qui s’installe, mais cela ne se continuait pas avec John. S’il n’y a pas de rivalité, vous ne connaîtrez pas beaucoup de succès.

C’était tout un compétiteur. Je disais justement à quelqu’un récemment ne pas me souvenir qu’il m’ait laissé gagner, alors je ne le laisserai pas gagner le Legends Day. C’est triste toutefois, l’industrie perd quelqu’un qui a tellement à y contribuer. Mais maintenant, il peut y contribuer d’une autre manière. Je ne pense pas que John s’ennuiera de conduire, parce que je vous dirai ce qui vous arrivera, et vous pouvez aussi demander à Billy O’Donnell, il vous dira probablement la même chose. Quand vous vieillissez, les chevaux que vous êtes appelé à conduire ne vous donnent pas une grande chance de faire quoi que ce soit. Si tout va à votre goût, vous pourriez finir en 3e ou 4e place. Alors pourquoi y aller pour vous punir parce que vous ne serez pas heureux de la façon dont ça s’est passé; donc c’est le temps de partir. Il est sur une telle bonne passe maintenant que je pense qu’il sera satisfait du travail à accomplir, et je sais qu’il fera un très bon travail.

DOUG BROWN

Oui, nous avons beaucoup couru l’un contre l’autre entre Meadowlands et Delaware, ainsi qu’ici, à la maison. Il a toujours été très gentleman sur et à l’extérieur de la piste, il a énormément bien représenté l’industrie. Deux courses qui se démarquent probablement sont Artsplace Breeders Crown et le Life Sign Jug. Je participais à la course de la Breeders Crown avec Happy Family. Une chose que vous ne voyez pas souvent de la part de John c’est de conduire de façon agressive comme il l’a fait ce soir-là, mais il devait le faire à ce moment-là, pour gagner la course. Lors du Life Sign Jug, ce qu’il a fait avec le cheval fut tellement impressionnant. Pour que ce cheval fasse ce qu’il a fait ce jour-là, et pour la façon dont John a pu le garder en vie comme cela, ce fut formidable.

Une autre course qui se démarque probablement aussi, c’est la Breeders Crown avec Headline Hanover.Il était le grand favori avec Shes A Great Lady, et elle s’est fait prendre dans la circulation en arrière. Je me suis défait de Headline et j’ai finalement vaincu les deux – c’était énorme à l’époque parce que Shes A Great Lady était une grande jument. Nous avons simplement été chanceux, au bon endroit et au bon moment.

J’accorde beaucoup de crédit au travail qu’il va effectuer. C’est une grande étape pour lui et il me semble prêt à la franchir. Il paraît très heureux, à l’entendre.

RANDY WAPLES

Je n’oublierai jamais la première fois que j’ai rencontré John Campbell... bien que, techniquement parlant, je ne l’aie pas réellement rencontré ce jour-là. C’était la première fois que je le voyais en personne. Je devais avoir à peu près quatorze ans, et mon père m’avait emmené à Ottawa voir les courses sur la glace du Canal Rideau. John était encore assez jeune à l’époque, peut-être était-il dans la mi-vingtaine?

Je l’avais vu quelque peu conduire à The Meadowlands, de l’endroit en face de Greenwood où nous avions l’habitude d’aller après les courses. Je crois que ça s’appelait The Mecca ou quelque chose comme cela? Ils présentaient les reprises des courses par voie d’antenne parabolique. Il y réussissait vraiment bien là. Ce qui fait que je savais très bien qui il était, et voilà que je le vois sur le Canal Rideau, et je me rappelle m’être dit qu’il ressemblait à un jeune enfant. Il glissait partout sur la glace avec ses bottes, et je me fis la remarque qu’il devait regretter ne pas avoir apporté ses patins. Plusieurs des autres conducteurs étaient plus âgés, et John ressemblait à un petit enfant, riant

et glissant autour de la glace. Puis arrive ce garçon conduisant une paire de chevaux de trait sur une rampe vers le canal, tirant un gros et lourd traîneau… ils allaient faire faire des promenades en traîneau aux gens. Et bien, ces gros chevaux de trait faisant 1400 livres, n’ont pas de fers à cheval, et ils essaient de ne pas tomber sur la glace. Ces pauvres animaux ressemblent à des bébés essayant de se tenir debout pour la première fois. L’un d’eux, ou quelqu’un, se blessera. Soudainement, John, le plus jeune sur les lieux, prend la situation en mains. Il se dirige droit vers eux et, calmement dit au conducteur qu’il doit retourner et ramener ces chevaux en sécurité sur la rampe. Ils parviennent à les retourner, mais les chevaux n’ont pas de grappins sous leurs sabots pour remonter la rampe en tirant ce lourd traîneau… John appelle tous les conducteurs les invitant à venir les aider à pousser. Je n’oublierai jamais cette scène – environ dix des meilleurs conducteurs d’Amérique du Nord poussant ce traîneau sur la rampe pour ramener ces chevaux là où ils seraient en sécurité. Tout cela bien orchestré par un jeune homme, calme et bien en contrôle, John Campbell. Il est passé d’un enfant jouant sur la glace à un homme sage et avisé pour son âge en l’espace de quelques secondes, et a pris la situation bien en mains. Cela m’a beaucoup enseigné sur son caractère dès lors, même si je n’étais qu’un adolescent… et je n’ai jamais oublié cela.

Un autre souvenir me revient aussi à l’esprit, et c’est la première fois que je l’ai vraiment ‘rencontré’. C’était cinq ou six années après, et mon père tenait une grosse écurie à Garden State. Quelques-uns de ses employés étaient malades ou absents... je ne me souviens pas trop, mais il avait besoin de moi pour que j’y aille travailler et l’aider pour une semaine. Alors il me paie le billet d’avion et vient me chercher à l’aéroport. En route vers la piste, il s’arrête pour le lunch à un endroit se trouvant juste en face de la piste et où plusieurs allaient manger. Je ne me souviens pas du nom. Nous entrons et nous apprêtons à nous asseoir à une table, et mon père dit « assoyons-nous au bar plutôt, avec ces deux amis, » Nous nous dirigeons vers eux et ce sont John Campbell et Bill O’Donnell. Mon estomac s’est retourné. Je n’avais plus faim à présent. C’est comme si j’étais Sidney Crosbey qui mangeait avec Wayne Gretzky et Mario Lemieux. Le simple fait d’être assis à cet endroit durant une heure ou deux, à écouter Ronnie Waples, John Campbell et Billy O discuter d’affaires, voilà quelque chose que je n’oublierai jamais.

DAN FISHER

Je sais que mon nom n’appartient pas à cette liste. J’étais entraîneur dans une petite écurie, non pas un conducteur parmi les meilleurs. Mais j’écris cet article, et j’ai le sentiment que ma courte histoire est des plus appropriée, et, quoi qu’il en soit, je la partagerai avec vous. John Campbell n’a conduit pour moi qu’une seule fois… soit le samedi 26 juin 1993. La même soirée il avait terminé troisième aux guides de Life Sign à la North America Cup d’une valeur de 1 M $. Mon cheval en était un réclamé pour la somme de 40 000 $ du nom de Shannon Spirited, et bien que n’ayant perdu que par une longueur et demie, un chèque pour la cinquième place est tout ce que nous avions récolté. La seule et unique personne sur terre à se souvenir de cette course, c’est moi… car John Campbell était aux commandes de mon cheval. Je n’ai rencontré John que plusieurs années après, soit après la naissance de mon fils. À l’âge de trois ou quatre ans, mon fils et moi avons commencé à faire la Course Terry Fox annuellement, en famille, et Justin recueillait des dons auprès des conducteurs en septembre, pour contribuer à l’aide sur la recherche sur le cancer. Tous les conducteurs contribuaient toujours, et John était un des gars qui prenaient cinq minutes pour jaser avec Justin, parlant de son école, son hockey et ses prouesses au baseball. Quand mon fils atteint l’âge de neuf ans, sa mère a reçu un diagnostic de leucémie. Nous avons reçu beaucoup d’appui de toute la communauté des courses de chevaux durant ces temps éprouvants et nous ne serons jamais capables de remercier adéquatement tous ces gens. L’un des moments qui se démarquera toujours c’est le jour où je suis entré au Tackmaster pour y acheter des fournitures pour mon écurie, et que la propriétaire Karen Breen me dit qu’elle avait quelque chose pour moi… ou plutôt pour Justin. Elle me tendit une photo encadrée 8 x 10 de John. Apparemment, il avait entendu parler de notre triste nouvelle, et pensé que son jeune ami, qu’il ne voyait qu’une seule fois par année, 5 minutes ou moins à chaque fois, aurait besoin d’un stimulant. Je l’ai rapportée à la maison et elle a provoqué un grand sourire tant chez le garçon que chez sa mère. Elle est toujours sur la bibliothèque du jeune homme qui est maintenant âgé de vingt-et-un ans, et elle porte la note suivante « Mes meilleurs vœux à mon ami Justin. John Campbell. »

Oui, John Campbell a touché des milliers de vies, et dans son nouveau rôle de Président et Chef de la direction du Hambletonian Society, il continuera de le faire. Au nom de ces milliers de personnes… « Merci, John. »

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