Le meilleur deux-ans que j'ai entraîné était...

TROT a demandé à certains des meilleurs entraîneurs de ce sport quel était selon eux,  le meilleur cheval de deux ans qu’ils aient entraîné, et s’ils pouvaient raconter un fait concernant ce cheval depuis ses tout débuts, ou se souvenir du moment où ils ont réalisé qu’ils avaient un animal spécial. Voici ce que nous avons appris... Par Dan Fisher // Traduction Louise Rioux

Bob McIntosh: Western Shooter

Nous l’avons payé 205 000 $ à Lexington, mais même s’il était parfaitement bâti,  il n’était pas si grand que cela. En s’entraînant pendant tout l’hiver, il a continué à grandir et au printemps, il était devenu le plus beau des poulains. Il avait tellement de vitesse et d’habileté - j’avais l’habitude de dire qu’il pouvait probablement courir un quart de mille en :26 secondes à la ferme tout en regardant un oiseau dans le champ voisin. Il aurait pu gagner le Metro, mais il a cassé à la fin du mille. John [Campbell] est arrivé et a dit que c’était sa faute. Il a dit que lorsqu’il l’a frappé, le fouet a touché son grasset par accident et l’a effrayé... c’est pourquoi il a couru. John se blâme encore pour cela. Puis il a gagné la Breeders Crown à Woodbine, et quand il a gagné la Coupe du Gouverneur ... John a dit qu’un cheval n’aurait pas dû être en mesure de gagner de cette façon avec la course  qu’il avait faite. Il a fait la moitié du parcours en :53.4 secondes après avoir été parqué, et a gagné par quelques longueurs... en novembre. Et c’était il y a 20 ans ! Malheureusement, il est mort avant de pouvoir courir à trois ans. Il a eu cette bosse au cou, et ce qui est triste, c’est que s’il s’était agi d’un autre cheval de l’écurie, nous l’aurions gardé à la ferme et nous aurions demandé à notre vétérinaire de s’en occuper. Mais c’était un si bon cheval que je l’ai envoyé à l’Ohio State [University] pour être soigné. Ils lui ont donné beaucoup d’antibiotiques, qui peuvent aussi tuer beaucoup de bonnes bactéries. Je ne sais pas exactement ce qui s’est passé, mais les choses ont mal tourné. Il a fini par développer une colite et ils n’ont pas pu le sauver. Il a fallu beaucoup de temps pour se remettre de sa perte... comme je l’ai dit, s’il s’était agi d’un autre cheval de l’écurie, nous ne l’y ‘aurions jamais envoyé là en premier lieu. C’était un cheval parfait et il était issu de Cathedra, donc le pedigree était là des deux côtés. Alan Leavitt  [Walnut Hall] avait acheté 10% de ma part et 10% de plus à l’un de mes propriétaires [Kohler] pour beaucoup d’argent... Je pense qu’il aurait pu être un grand reproducteur.

Ben Wallace: Totally Western

Si l’on prend tout en considération, y compris les courses qu’il a gagnées, l’ensemble, je dois dire que c’était Totally Western. Nous l’avons eu à Harrisburg pour seulement 25 000 dollars - j’en possédais la moitié - et il était vraiment parfait. Il faisait toujours tout,  bien... c’était vraiment un plaisir de le côtoyer. Il a gagné une étape du Dream Maker et il m’a montré qu’il allait devenir un bon cheval, mais il a ensuite commis quelques écarts [lors de la finale de Metro et dans le Champlain] et j’allais l’abandonner. Je l’ai emmené chez Terry Ruch pour voir s’il y avait des problèmes cachés que nous devrions connaître et il a dit qu’à part ses pieds avant qui le piquaient, il était parfaitement sain. Terry a suggéré que nous allions le faire courir à Lexington, car cette piste d’argile rouge et douce serait parfaite pour ses pieds. Nous l’avons donc emmené là-bas et il a gagné le Bluegrass et a terminé second dans l’International Stallion... puis nous sommes revenus à la maison et il a gagné le Breeders Crown à Woodbine. J’ai dit à Mario Baillargeon que même si nous obtenions un prix élevé, je pensais que nous étions aussi bons que n’importe qui d’autre... Maintenant, personne n’a jamais eu à dire à Mario de partir (en riant), et il est parti et lui a obtenu un voyage de deux trous. Il a gagné facilement et il est parti pour plus d’un million de dollars canadiens cette année-là. C’est en fait quand j’ai réalisé à quel point il était bon, la nuit où il a gagné la Breeders Crown. Il a fait beaucoup d’argent dans ces quelques derniers départs à deux ans, soit après que nous ayions décidé de ne pas l’arrêter.

Certains ont probablement pensé que je dirais Blissfull Hall, et il était bon à deux ans aussi, mais quelque chose le retenait. C’était un faussaire quand nous l’avons acheté à l’âge d’un an et il a été bloqué sur la bonne ligne pendant toute son année de deux ans. C’était un cheval tellement rapide que c’en était incroyable, mais il était tellement bloqué sur cette ligne qu’à certains moments, il était littéralement impossible à conduire. Nous avons tout essayé pour le faire sortir de cette ligne, mais rien n’a fonctionné, alors nous étions presque sûrs que c’était cette boule à l’intérieur de lui. Je me souviens avoir dit à Daniel Plouffe que si elle ne tombait pas, nous devrions la faire enlever... il semblait avoir les capacités, mais il ne serait pas capable de concourir au plus haut niveau avec cette boule qui le gênait. Puis un jour, cet hiver, il s’est entraîné parfaitement. J’ai regardé entre ses pattes arrières et elle était tombée... il est sorti de la ligne et le reste appartient à l’histoire.

Casie Coleman: Sportswriter

J’ai eu la chance d’avoir de grands chevaux, mais en ce qui concerne les chevaux de deux ans, c’est Sportswriter, et l’histoire de son obtention est assez incroyable. Je me rendais à la vente de Harrisburg et Robert Hamather m’avait dit de choisir un yearling pour lui. Il a dit que le prix n’avait pas d’importance, qu’il voulait juste acheter mon meilleur choix, et mon meilleur choix était Sportswriter. Je lui ai dit que je pensais qu’il rapporterait 150 000 dollars et après l’avoir regardé, il l’a aimé - il a dit qu’il était partant. Sports s’est vendu tard le premier soir - très tard. Je devais dîner avec des gens et j’ai dû leur dire que je serais en retard. La journée s’éternisait vraiment et quelques heures avant qu’il ne monte sur le ring, Bob [Hamather] m’a dit qu’il commençait à être fatigué. Environ une heure plus tard, il m’a dit qu’il ne voulait pas attendre plus longtemps et qu’il rentrait à l’hôtel. Je lui ai dit que j’enchérirais pour nous, mais il a répondu qu’il voulait faire les enchères et que nous en achèterions une le lendemain à la place. J’étais sous le choc... J’aimais ce cheval et je le voulais vraiment, mais je n’avais pas vraiment d’argent. Plus tôt dans la matinée, j’avais parlé à mon propriétaire, Steve Calhoun, de certains de ses chevaux, et il s’était moqué de moi pour avoir même acheté des yearlings. Steve m’avait demandé pourquoi je perdais mon temps avec des bébés alors qu’il y avait tant d’argent à gagner avec les chevaux à réclamer. Steve et moi avions acheté un yearling quatre ans plus tôt [Luxury Seelster] et nous en étions bien sortis, mais il avait dit qu’il n’en achèterait jamais un autre. Quoi qu’il en soit, Sports entre dans le ring et je le veux, mais comme je l’ai dit plus tôt, je n’ai pas d’argent. Mais il était si tard et tout le monde était parti, alors l’enchère s’est arrêtée. Je crois que l’enchère était de 47 000 $ et j’ai dit « Et merde » et j’ai levé la main. J’ai enchéri une seule fois et je l’ai eu pour 50 000 $. Je m’en suis presque voulu (en riant) parce que je ne savais pas comment j’allais le payer. J’ai couru jusqu’à l’étalage pour le voir, pensant que j’avais raté quelque chose... Je ne savais pas pourquoi il était parti si bas. Un peu plus tard, Steve [Calhoun] m’a appelé. Il a vu les résultats en ligne et m’a demandé pourquoi il n’y avait pas écrit « Agent » à côté de mon nom, alors je lui ai raconté l’histoire. Il a dit qu’il prendrait la moitié, même s’il s’était moqué de moi le matin même pour avoir acheté des bébés. Il a dit que je l’avais tellement aimé et que j’avais dit qu’il valait 150 000 dollars, alors il a pensé qu’il était une bonne affaire à 50 000 dollars. Je suppose qu’il avait raison, car il nous a rapporté 1,6 million de dollars en piste et il a maintenant des tonnes et des tonnes de bébés, ici, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Bob Hamather a été un grand propriétaire pour moi. Il m’a donné beaucoup de chevaux à entraîner et il est toujours prompt à payer ses factures, mais s’il n’avait pas changé d’avis, je n’aurais jamais possédé Sportswriter, et l’argent que j’ai gagné avec lui m’a permis de posséder des parts d’autres grands chevaux après cela, comme Betterthancheddar et Betting Line. Cette nuit à Harrisburg a été un moment très important pour moi.

  

Nifty  Norman: Pouf shes gone

Cela peut paraître fou de m’entendre dire qu’une pouliche comme Venerable est seulement la deuxième meilleure pouliche de deux ans que j’ai entraînée, mais j’ai eu de la chance. Nous avons payé 170 000 dollars pour Poof Shes Gone à Harrisburg en 2008, mais elle n’avait pas vraiment un pedigree exceptionnel... le prix était si élevé parce qu’elle était un individu parfait. Elle était de Kadabra, et nous étions souvent au Canada à l’époque... elle a gagné la Breeders Crown à Woodbine à deux ans, donc c’était tout à fait approprié aussi. Et c’était ma première Breeders Crown, donc cette année-là, m’a valu beaucoup de bons souvenirs avec elle. Elle était vraiment la trotteuse la plus pure que l’on puisse imaginer, dès le début. Venerable était vraiment la même chose, mais l’année dernière, lorsque nous l’entraînions, tout le monde nous parlait de Delilah Hanover, parce que nous avions payé tout l’argent pour elle [440 000 $], alors au début, Venerable est passée sous le radar à bien des égards. Mais elle a aussi été parfaite dès le début. C’était génial de battre les garçons dans la course à un million de dollars là-bas [Mohawk Million], mais ça aurait été bien de gagner la Breeders Crown avec elle aussi, pour bien finir l’année. C’était très décevant quand elle a fait ce petit saut dans son élimination, mais l’année avait été longue et il est difficile de rester invaincu. Les deux pouliches ont suivi le même parcours, maintenant que j’y pense ; elles sont toutes deux passées par le Canada avec Peaceful Way et d’autres. Mais Poof Shes Gone est celle qui me vient à l’esprit en premier, quand on me demande quel est mon meilleur cheval de deux ans. La différence est probablement qu’elle [Poof] a gagné la Breeders Crown et a terminé l’année comme elle l’a fait, mais cela n’enlève rien à Venerable. Vous savez, seules trois pouliches de trot ont gagné un million de dollars à deux ans, et Blanche-Neige s’est avérée être une transsexuelle, donc Poof Shes Gone et Venerable sont vraiment les deux seules, si vous y pensez, et nous les avons eues toutes les deux.

Dr. Ian Moore: Malicious

Shadow Play nous avait rapporté beaucoup d’argent en 2008, alors nous sommes allés à Harrisburg pour en dépenser une partie, et je voulais un Bettors Delight... Je n’en avais jamais vraiment eu jusqu’à ce moment-là. Passant devant le dépôt du Vieux Carre et là était Malicious - il a attiré mon attention. Je suis allé le voir et Mark Egloff m’a dit qu’il se dirigeait vers le ring arrière dans quelques minutes. Il avait l’air parfait et j’ai appelé mon partenaire [Ron McLellan]  pour lui dire de venir le voir. Il m’a dit qu’il serait là dans 40 minutes et je lui ai répondu qu’il serait 35 minutes trop tard (rires). Je n’ai déposé que deux offres sur lui et nous l’avons  obtenu pour 45 000$. Il n’avait jamais porté de botte et il était parfait dès le premier jour. La seule mauvaise chose qu’il ait faite à deux ans est qu’il n’aimait pas recevoir de saletés au visage. Il se balançait la tête partout  Je lui ai confectionné un bidule maison s’attachant  à son protecteur nasal et d’où les attaches caoutchoutées pendaient. Alors qu’il amblait, les attaches  le frappaient au visage et quand il fut habitué à cela, il s’est familialisé.... ce qui le distrayait de ces saletés qui l’embêtaient. Protecto fabrique quelque chose comme cela qu’ils appellent un ‘Nose Flipper’. De toute façon, il a gagné ses sept premières courses d’affilée, y compris  la finale Dream Maker et l’événement Nassagaweya, Il a gagné l’élimination Metro ainsi que la Governer’s Cup .Les seuls chevaux qui pouvaient réellement le vaincre sur le Grand Circuit cette année-là, étaient les chevaux Schnittker’s, One More Laugh,et Rock N Roll Heaven, Arthur Blue Chip était aussi un grand deux ans, et Shadow Play est devenu bon plus tard au cours de ses deux ans. Nous pensions alors vendre Shadow Play à deux ans,… il avait du talent mais il était trop agressif et immature. Nous lui avons donné un  peu de temps de congé à l’automne, et la fois suivant ce congé, il a couru :54 off une demi-minute. Il était réellement bon ce matin-là. Alors je leur ai dit que nous ferions mieux de le garder. Je dirais que mes trois meilleurs deux-ans étaient Malicious, Arthur Blue Chip et Shadow Play, dans cet ordre. L’année où nous avons acheté Malicious, nous avons acheté Wellthereyougo aussi. Nous avons changé les deux noms…J’oublie ce qu’ils étaient, mais ils avaient tous deux des noms stupides. Nous les avons payés 45 000 dollars chacun et à eux deux, ils ont gagné près d’un million de dollars à deux et trois ans... ce n’est pas si mal!

Ron Burke: Mission Brief

Nous avons entraîné des chevaux qui ont détenu, et détiennent toujours, un certain nombre de records  mondiaux  de chevaux de deux ans depuis plusieurs années, alors vous pourriez penser que c’est une question difficile. Elle ne l’est pas. Mission Brief est le meilleur cheval de deux ans que j’aie jamais entraîné et le meilleur cheval que j’ai jamais entraîné, et ce n’est même pas proche. C’est loin d’être le cas. [Southwind] Frank, [Sweet] Lou, Warrawee Ubeaut, Sheer Desire... ils étaient tous d’excellents chevaux de deux ans. Mais Mission Brief était un vrai monstre. Entraînée comme un bébé, elle n’a jamais fait que casser. En fait, elle n’a jamais couru un mille parfait pendant toute la durée de son séjour en Floride cet hiver-là. Mais on n’a jamais envisagé de l’abandonner parce qu’elle courait à chaque fois, et peu importe son retard, elle les rattrapait et finissait juste derrière eux. Parfois, nous nous regardions en nous disant : « Ce qu’elle vient de faire est impossible, non ? Ce n’est pas possible qu’elle ait fait ça ! Elle était tout le temps en train de faire l’imbécile, elle avait besoin de mûrir. Finalement, un matin, après que nous soyons venus dans le nord avec eux, je lui ai enlevé tout son équipement et l’ai mise sur le sulky de course. Elle a couru un mille en :56 sur le dernier demi-mille, et Tony Alagna l’a vu partir et quand je suis arrivé, il a dit « Dites-moi que ce n’est pas une fille de deux ans ». Je lui ai dit que c’était un vrai monstre. Les seules fois où elle a été battue à deux ans, c’était quand elle faisait une pause. C’est vraiment dommage qu’elle se soit blessée en s’entraînant pour sa quatrième année, car je suis certain que si elle avait couru à quatre ans, elle aurait gagné en :48 et quelques... Je le sais, simplement.

Blair Burgess: Real Desire/Glidemaster

La plupart des bons chevaux que j’ai eus étaient bien dressés au début, mais pas exceptionnels - ils ont juste fini par être de bonnes surprises. Lorsqu’un entraîneur me dit qu’il a un « bon cheval «, je roule généralement les yeux, mais mes meilleurs chevaux de deux ans ont vraiment démontré leur talent très tôt. Il est assez facile de répondre à cette question, car mes deux chevaux ont été élus chevaux de l’année. Real Desire a fait peur tout de suite - en janvier/février. On ne peut jamais être sûr, surtout avec les ambleurs, car beaucoup d’entre eux peuvent aller vite, mais on ne sait jamais s’ils vont conserver leur vitesse, rester sains, avoir une bonne respiration, un bon cœur, etc. Glidemaster était également effrayant au début. En février, il avait facilement 10 secondes d’avance sur tous les autres chevaux que j’avais, mais il n’avait fait que galoper jusqu’à la fin janvier. Un jour, je me suis mis en colère contre lui et nous avons fait un gros mille ; quand je l’ai ramené après, je l’ai laissé marcher à côté de Billy Rapson [deuxième entraîneur] et je lui ai dit que c’était « le vrai désir des trotteurs». Le seul autre athlète précoce superlatif que j’ai eu était Amity Chef. Il était aussi terriblement rapide et doux très tôt. Il est devenu le cheval de deux ans le plus rapide du Canada, battant les records de piste à Greenwood et à Mohawk... et MOI aux guides !

Nancy Takter: JK Shesalady

Je venais tout juste de me mettre à mon compte [2013] et cet automne-là, Alan Katz des 3 Brothers Stables m’a contacté pour que je prenne des bébés pour eux. Ils avaient déjà acheté un yearling par Rock N Roll Heaven, et ils avaient quelques homebreds, et apparemment ils se sont brouillés avec leur entraîneur. Ils avaient donc besoin de trouver quelqu’un à qui confier les chevaux et je venais de faire une assez bonne année avec Western Vintage - il a gagné en :49.4 à deux ans. C’est encore un excellent mille aujourd’hui, mais c’était il y a presque 10 ans et c’était encore assez rare. J’ai donc pris les chevaux et JK Shesalady était l’un d’entre eux. Je ne l’oublierai jamais, elle était si grosse au départ que nous pouvions à peine la faire entrer dans le chariot de jogging (rires). Elle faisait deux tours de jogging et elle était complètement épuisée. Mais elle avait aussi une démarche sans effort et un tour de pied rapide. Ce que vous ne pouvez pas dire avec certitude, aussi tôt, c’est s’ils ont la volonté de gagner. J’ai eu des chevaux très talentueux qui n’avaient pas le cœur à l’ouvrage... ils cherchaient presque des excuses pour se faire battre, semble-t-il. Cette pouliche avait définitivement le cœur et la volonté d’être grande. C’est drôle, mais c’était à Pâques de cette année-là [2014] et j’étais chez mes parents. J’ai demandé à mon père s’il avait de bonnes pouliches de deux ans, il m’a répondu « oui » et m’a demandé pourquoi ? Je lui ai dit qu’il pouvait aussi bien les laisser toutes à la maison parce que j’en avais une géniale (en riant). Il m’a regardée comme si j’étais folle et m’a dit quelque chose du genre « Doucement, petite fille ». Mais j’avais raison. Je ne connaissais pas très bien les frères Katz à l’époque, mais je suppose qu’ils ont beaucoup couru dans les New York Sire Stakes. Alan a mentionné quelque chose à ce sujet pour elle un jour et j’ai dit qu’il n’était pas question de la faire courir dans les sire stakes. Je leur ai dit qu’elle était bien meilleure que cela et que je ne risquais pas de la blesser sur une piste d’un demi-mile... Ils m’ont regardé comme si j’étais folle aussi (en riant). Eh bien, elle n’a jamais perdu une course à deux ans [12 sur 12] et elle a été nommée Cheval de l’Année au Canada et aux États-Unis... comme c’est souvent le cas ! L’autre chose intéressante est que c’est le cheval de mon père, Shake It Cerry, qui a été nommé Trotteur de l’Année aux États-Unis cette année-là. En fin de compte, c’est lui que nous avons battu pour le titre de Cheval de l’Année !

Jack Darling: Gothic Dream

Je crois fermement que les chevaux d’aujourd’hui sont de loin supérieurs aux chevaux d’il y a quelques années, donc avec cela en tête, je dirais que le meilleur deux ans que j’ai jamais entraîné est Bulldog Hanover... celui qui a eu le plus grand effet sur la classe des deux ans nord-américains dont il faisait partie, et d’ailleurs, le plus grand effet sur ma carrière d’entraîneur, était Gothic Dream. C’était un Jate Lobell... nous l’avons acheté pour 27 000 dollars à Lexington et il a été parfait dès le premier jour. Il était doux, il avait une bouche parfaite, vous pouviez faire tout ce que vous vouliez avec lui, et il était rapide. J’étais encore à Windsor à l’époque et ma maison était juste à côté de la ferme de Bob McIntosh. Bob avait une très belle piste d’un demi-mile sur son terrain et j’avais l’habitude d’y faire mes entraînements les plus rapides. Je me souviens très bien de la première fois où j’ai réalisé qu’il [Gothic Dream] était un cheval assez sérieux, parce que je faisais un mille chez Bob avec lui et qu’au bout de la ligne, je lui ai demandé d’accélérer. C’était la première fois que je lui demandais vraiment de passer à la vitesse supérieure alors qu’il allait déjà à une vitesse décente, et bien sûr, il l’a fait. Il a décollé, et il allait si vite quand nous avons abordé le virage après le fil que nous avons presque raté le virage. Il m’a vraiment montré quelque chose ce jour-là que je n’oublierai jamais. Lui et tout le groupe de chevaux de deux ans que j’avais cette année-là ont vraiment eu un grand impact sur ma vie. C’était seulement la deuxième ou troisième année que j’achetais des yearlings, et cette année-là nous n’en avons acheté que six. Tous les six [American Angel, Armbro Parkway, Decor, Gothic Dream, Im No Brat et Northern Luck] ont gagné des stakes de deux ans - c’était quelque chose. Les poulains Gothic Dream et Northern Luck étaient les deux meilleurs, mais nous avons emmené les quatre pouliches à Hoosier - je crois que c’était la première année qu’ils étaient ouverts - pour courir dans les Standardbred Stakes. John Campbell est venu pour conduire trois d’entre elles... chacune des trois divisions était dotée de 100 000 $ et John et moi avons gagné les trois. Je pense que l’autre pouliche est arrivée quatrième... Je suppose qu’elle était le maillon faible (rires).

Ray Schnittker: Check Me Out

J’ai eu la chance d’en avoir beaucoup, mais je dirais probablement que Dewey [Deweycheatumnhowe] était le meilleur. Il a été le premier cheval que j’ai eu avec Ted Gewertz. Je l’ai acheté pour 80 000 dollars... Je l’aurais probablement eu pour 40 000 dollars, mais Ted faisait une offre contre moi. Il avait possédé tous les poulains de cette jument jusqu’alors et après que j’aie surenchéri, il est venu me demander s’il pouvait l’acheter. J’ai dit « Bien sûr » et depuis, nous sommes partenaires sur les chevaux. On ne peut pas toujours le dire tôt avec les meneurs, mais quand vous pouvez entraîner un trotteur avec les meneurs, comme je l’ai fait avec lui, et qu’il peut suivre à toutes les étapes, vous savez que c’est un bon cheval. C’est ce que j’ai fait avec Check Me Out aussi, et maintenant que j’y pense, je dois dire qu’elle était probablement la meilleure pure deux ans que j’ai jamais entraînée. Dès janvier, on savait qu’elle était spéciale... elle était parfaite dès le départ. Mon partenaire de longue date, Charles Iannazzo, l’a accouplée avec Steve Jones et me l’a envoyée pour l’entraîner. Il a racheté les parts de Steve et m’a laissé en acheter 25% quand elle était bébé. Elle était tout simplement incroyable à deux ans [16-14-2-0 ; 898 343 $]. Steve a fini par la racheter et nous la possédons encore ensemble aujourd’hui... Charles est décédé il y a quatre ou cinq ans. Steve et moi avons mis ses bébés sur le ring des ventes chaque année et le premier que j’ai racheté était King Of The North - il a été plutôt bon aussi (rire). Je dois aussi mentionner Huntsville... comme je l’ai dit, j’ai eu quelques bons chevaux. Il y en avait d’autres rapides comme Riggins... il a battu le record de la piste à Saratoga lors de son troisième départ à vie mais il n’avait pas le coeur comme les autres. Huntsville était juste un homme parmi les garçons dès le premier jour - il était énorme. Et non seulement il était plus grand et plus fort que les autres, mais il était en même temps très coordonné... il avait aussi le désir. Je pense que tous les trois [Check Me Out, Deweycheatumnhowe et Huntsville] ont gagné des Dan Patch Awards à deux ans.

Julie Miller: Designed To Be

Je ne suis pas vraiment le genre de personne qui pense à l’argent qu’elle a gagné ou même, vraiment, aux courses spécifiques. Je ne devrais probablement pas dire cela, mais je ne pense pas que je pourrais même vous dire combien d’argent certains des chevaux de notre écurie ont gagné l’année dernière. Pour moi, il ne s’agit pas seulement de statistiques, mais aussi, dans une certaine mesure, des chevaux eux-mêmes, des obstacles que certains d’entre eux doivent surmonter et de l’impact qu’ils ont eu sur nos vies. Quand j’ai posé votre question à Andy [Miller], il m’a dit : «Vous devriez dire Venerate, n’est-ce pas ? » Et Venerate était un grand deux ans, c’est sûr, mais quand j’y ai vraiment réfléchi, je dois dire que c’était Designed To Be. On venait de me confier un contrat pour entraîner des chevaux pour Marvin Katz et Al Libfeld, et elle était l’un des bébés qu’ils nous ont donnés. Nous les examinons toujours quand ils arrivent, pour voir s’il n’y a pas d’obstacles supplémentaires à surmonter. Designed To Be avait un kyste dans l’un de ses grassets et une fracture capillaire sur un paturon avant. Je me souviens l’avoir dit à Marvin et il m’a demandé si cela valait la peine de l’essayer... il se demandait s’ils ne devaient pas attendre pour la faire reproduire. Je lui ai dit que cela ne signifiait pas qu’elle ne pourrait pas courir, mais que cela signifiait qu’il lui faudrait un peu plus de temps et que les chances étaient peut-être un peu trop fortes pour elle. Nous avons décidé de l’essayer. Elle a fini par être une excellente pouliche de deux ans [8-4-3-0 ; 286 186 $] et une excellente pouliche de trois ans, après que nous ayons discuté de la possibilité de ne même pas la faire débourrer. Maintenant, elle est aussi la mère de Greenshoe. Elle a si bien réussi. Pour moi, ce n’est pas toujours le produit le plus cher que tout le monde veut à la vente et dont on attend le plus, mais parfois c’est celui dont on attend le moins... celui qui surpasse les autres. Vous ne pouvez pas faire ce métier - vous lever à l’heure où nous nous levons tous les jours et vous coucher tard la plupart des soirs - si vous n’avez pas le rêve d’avoir ce cheval. Un autre cheval de deux ans que j’ai eu, et qui me vient à l’esprit, est un cheval dont beaucoup de gens n’ont probablement jamais entendu parler - son nom était Happy Dreamer. C’était une pouliche Mcardle que nous avons eue assez tard. Elle était en 2:30 et on l’entraînait au trot ! Les propriétaires ne s’attendaient pas à grand-chose, mais la première chose que j’ai faite a été de lui mettre les houppes. Je l’ai conduite lors de ses premiers départs à vie à Freehold... J’ai gagné avec elle lors de son troisième départ par près de 10 longueurs et c’est à ce moment-là qu’Andy m’a renvoyée comme conductrice (rires). En novembre de l’année de ses deux ans, nous avons gagné le Matron [231 650 $] avec elle. C’est le genre d’histoires qui me restent en mémoire et qui rendent notre sport si formidable.

Cet article a été publié dans le numéro de mai de TROT Magazine.

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