MOTIVÉS

Table ronde avec les huit conducteurs aspirant au championnat canadien.

Par Darryl Kaplan / Traduction Louise Rioux

TROT : Il est fréquemment question d’impartialité quand on s’engage dans ce type d’événement. Même s’il y a généralement des dispositions en matière de positions de départ, le facteur chance dans un tirage joue souvent un grand rôle pour déterminer le gagnant. Que pensez-vous du concept voulant que les conducteurs choisissent leurs chevaux, comme dans un tirage, mais en s’assurant que chacun des conducteurs n’ait qu’une seule fois la même position?

Jody Jamieson : Je n’ai jamais couru selon le format de tirage. Je pense que ce serait vraiment plaisant et ajouterait un peu plus de suspense. Il y a toujours la question de l’impartialité. Je crois qu’elle est réelle, peu importe la compétition à laquelle vous participez. Vous pourriez piger le cinquième meilleur cheval dans chaque course et n’avoir aucune chance de gagner. Quoi que nous fassions pour rendre le tout plus équitable, serait une amélioration.

Ryan Ellis : Qu’y a-t-il de mal avec l’idée d’un tirage direct? Chacun des conducteurs choisirait son cheval une fois. J’aime l’idée du tirage mais je ne pense pas que ce devrait être limité par la position de départ. Je crois que chacun devrait choisir le premier dans chaque course. Si vous être le premier à choisir, vous prenez ce que vous voulez.

Jody Jamieson : En ce qui me concerne, je n’ai pas d’opinion ferme sur l’une ou l’autre manière, mais j’aime l’idée de ne pas avoir la même position deux fois. J’aime choisir au moins une conduite sur le programme.

Sylvain Lacaille : J’aime l’idée de la position de départ car si vous obtenez une mauvaise position, particulièrement sur une piste d’un demi mille, cela peut vous nuire. Je pense que si chaque conducteur pige chaque position de départ, c’est probablement plus équitable. Je crois que ce devrait être choisi comme à l’accoutumée. Comme le disent les gars, je ne sais pas comment vous pourriez le faire. Pour être juste, sur une piste d’un demi mille, la position de départ vous donne un réel avantage; si vous pigez un 1/2/3, vous avez une meilleure chance.

Jim Marino : Je ne suis pas certain qu’il existe une façon plus juste de le faire autrement que par la méthode traditionnelle, un tirage ouvert. J’ai connu un mauvais tirage lors de mon événement régional, mais comme c’était à mon hippodrome local, j’ai pu passer à travers.

(Après cette discussion, les officiels du CNC ont finalisé une ébauche de format pour la compétition, à être pratiquée quelques jours avant l’événement.)

TROT : Qu’en est-il de l’idée d’un avantage local. Marc Campbell et Ryan Ellis connaissent probablement mieux que quiconque cette piste et les chevaux, alors que d’autres dans ce domaine, par exemple les gens de l’ouest, courent rarement sur des pistes d’un demi mille. Qu’en est-il vraiment de l’avantage d’être chez soi?

Marc Campbell : Il y a probablement une différence. Ryan et moi connaissons mieux les chevaux que les gens de l’extérieur et nous connaissons un peu mieux la piste, mais de grands conducteurs viennent y courser. La piste ne fait pas de différence pour eux.

Jody Jamieson : Je pense que Marc et Ryan ont définitivement un énorme avantage parce qu’ils connaissent les chevaux. À 100%, les gens du milieu savent quels sont les meilleurs chevaux. Le fait de regarder des courses semaine après semaine, aide.

Brandon Campbell : Je ne pense pas que vous arriviez un jour à identifier un modèle parfait d’équité sur toute la ligne, c’est la chance au tirage dès le début. Nous n’avons plus de courses sur un demi mille, mais nous avons tous conduit sur une telle piste auparavant, et c’est très certainement différent. Nous sommes simplement heureux d’y être, ce sera pour le divertissement et le plaisir. Un demi mille est un demi mille, mais chaque piste est différente. Grand River est une piste éreintante, Flamboro est une piste pour la vitesse. Chacune des pistes est différente, il faut tout jauger et décider pour vous-même comment elle est.

Jim Marino : La piste locale représente un léger avantage. À la fin de la journée ça demeure encore le défi des conducteurs. La piste de Fraser Downs est présentement convertie à une piste de cinq huitièmes de mille, mais en raison de la patinoire pour le hockey, un des tournants est vraiment d’un demi mille, c’est donc sur une telle piste que je conduis tout le temps.

Sylvain Lacaille : En y réfléchissant bien, je pense que tous ces gars-là mènent dans tellement de courses chaque année, qu’ils conduisent sur différentes pistes et que comme un réflexe, ils finissent par les connaître.

Marc Campbell: Nous avons deux pistes à l’Île du Prince Édouard et les deux sont complètement différentes, et les deux ont de bons et mauvais côtés.

TROT : Il persiste une idée que les conducteurs vont rapidement lancer leurs chevaux vers la tête sur une piste d’un demi mille. Si le tirage vous octroie l’intérieur, essayez-vous toujours d’arriver à la tête?

Jody Jamieson : Je vais simplement lancer mes chevaux dès le départ vers la tête. Je vais même battre les chevaux de Billy à cet égard. (Rires.)

Brandon Campbell: Je pensais le faire la dernière fois, mais je pense que cette fois-ci, je vais rester tranquille et regarder.

Jim Marino : Courir sur une piste d’un demi mille, c’est la vitesse. Le droit est trop court pour s’en aller derrière le peloton. Les gars sont un peu plus agressifs dans ce genre d’événement. Mais à Fraser Downs, ils conduisent de cette façon. Alors j’y suis habitué.

Sylvain Lacaille : Cela dépend incontestablement des chevaux que vous avez. J’y ai participé il y a quelques années, et j’aurais souhaité que ce soit sur une piste de cinq huitièmes de mille ou d’un mille, mais à l’Île du Prince Édouard, la piste est belle.

TROT : Le gagnant de cette épreuve se rendra en Australie concourir pour le Championnat mondial des conducteurs. Les règlements et coutumes en Australie diffèrent des nôtres, comme par exemple permettre aux conducteurs de pousser à l’extérieur, de plus gros pelotons, différentes distances et des sulkys plus étroits. Aimeriez-vous voir certains de ces règlements s’appliquer aux courses canadiennes?

Marc Campbell : Pousser? Anthony MacDonald le fait depuis des années. (Rires.)

Guy Gagnon : Je pense que nous avons et donnons un bon spectacle. Je suis content qu’ils aient intégré le règlement concernant le fouet, mais autrement, j’aime les règlements que nous avons.

Sylvain Lacaille : C’est certainement différent en Europe et ailleurs, comme en Australie. C’est la distance. Je suis allé en Europe et j’ai accompagné les juges au milieu de la piste, et c’et très différent comme course. C’est différent mais je pense que nous sommes tous des conducteurs professionnels et nous pouvons nous adapter au style de course que nous devons mener. Autrement, si je vais en Australie ou que soit n’importe lequel de vous, je suis persuadé que ce sera très agréable et j’ai très hâte de voir comment ils procèdent. Cela fait partie du défi.

Jody Jamieson : Je pense qu’il y a une multitude de règlements sur lesquels nous pourrions nous pencher pour mise en application au Canada, mais s’il s’agit d’importer quelque chose de plus sur lesquelles nos juges auront à se prononcer, je crois qu’ils devraient garder leurs règlements chez eux et nous laisser faire. Il y en a tellement déjà que nous n’utilisons pas.

Brandon Campbell : En termes de taille du peloton, s’il ne s’agit que d’une course d’un mille avec 14 chevaux, qu’arrive-t-il quand vous partez en 14e position et que le peloton court la demie lentement, vous n’avez aucune chance de toucher un chèque. Si nous changions notre style de conduite, peut-être serions-nous bons avec un différent style de course.

Jim Marino : Le seul style qui me sourit sont les grandes distances. La lignée devient plus rapide. Vous voyez des chevaux arriver rapidement et vous savez qu’ils ont encore de la puissance en réserve. Des courses plus longues seraient plus rentables.

Jody Jamieson : Comme conducteur, la taille de la piste m’importe peu, si c’est mieux pour notre sport. Mais il n’y a aucune documentation à cet effet. Si nous arrivons avec une idée nouvelle qui sauvera notre industrie, alors allons-y, mais de plus gros pelotons ne créeront pas plus d’íntérêt. Si vous ramenez les chevaux en rétrécissant les sulkys, ça pourrait aider, mais mon état d’esprit c’est qu’il faut que ce soit mieux pour tout le monde.

Sylvain Lacaille : L’inquiétude repose sur le pari. Le pari a diminué et nous devons faire quelque chose à cet égard parce que les machines à sous ne sont qu’un large pansement. Je ne pense pas que nous ne puissions plus compter beaucoup sur l’aide gouvernementale, alors il faut penser à nous aider nous-mêmes. Nous pouvons faire tout ce que nous voulons, mais ce serait certes sage à l’Île du Prince Édouard avec la saison des touristes, d’avoir de gros pelotons. Je crois que les distances seraient agréables et seraient intéressantes pour les parieurs. Je pense qu’avec une course sur cinq huitièmes de mille, faisons-le bien, afin que tout un chacun puisse gagner.

Jody Jamieson : Nous devrions faire une étude sur combien les groupes d’hommes de chevaux français dépensent pour la promotion de leur produit c. l’Australie et c. l’Ontario. Nous ne dépensons pas suffisamment – mais il n’en reste déjà plus assez. L’Australie commercialise le marché des courses de chevaux comme une équipe de basketball. Jusqu’à ce que nous dépensions de l’argent – c’est prouvé, c’est ainsi que vous attirez le monde. Si l’Ontario ou le Canada mettaient plus d’argent pour commercialiser le produit, nous réussirions mieux.

Ryan Ellis : L’IPE est probablement la meilleure en matière de marketing. La promotion est bonne ici mais nous pouvons toujours faire mieux. Le marketing est la clé du succès pour les courses sous harnais.

TROT : Le format régional de participation au CNC ne compte aucun conducteur basé aux États-Unis pour la compétition. Des gens comme John Campbell, Mark MacDonald et Yannick Gingras sont tous Canadiens, mais ne participent pas. Êtes-vous d’accord ou non avec cela?

Ryan Ellis: Je ne comprends pas pourquoi il n’en serait pas ainsi, dans tous les autres sports, vous pouvez représenter votre pays.

Sylvain Lacaille : Je crois qu’il est question de représenter notre région, je n’hésiterais pas à changer de compte de banque pour le leur. Tout d’abord, nous ne les verrons pas dans le tournoi du fait qu’ils sont grandement impliqués dans les courses stakes et qu’ils voyagent beaucoup. Ce sont de grands conducteurs, mais cela donne une chance aux autres. C’est ainsi que je le vois, je suis certain qu’ils sont de super bons conducteurs, je changerais de place avec eux n’importe quand. Ils font du bon travail et travaillent ferme, mais c’est leur domicile. Vous payez parfois le prix pour partir, et je pense que c’est une question de choix, mais je suis heureux de représenter ma région.

Brandon Campbell : Ce sont des conducteurs canadiens, mais comment les inséreriez-vous dans le tournoi? Comment procéderiez-vous?

Ryan Ellis : Je suis d’accord avec Brandon, ce serait difficile de choisir, où les placeriez-vous? Est-ce que Gingras serait du Québec, et Mark de l’île du Prince Édouard?

Jody Jamieson : Je pense qu’il serait facile d’insérer John Campbell pour représenter la Région de l’Ouest. (Rires) Je crois que vous abandonnez tout cela quand vous partez aux États-Unis, j’aimerais y être, mais je suis ici. Si vous n’êtes pas ici pour compétitionner, si ce n’est pas ce que vous voulez faire, je ne crois pas qu’une invitation devrait leur être envoyée.

Jim Marino : Je pense qu’ils devraient être invités aux qualifications, comme n’importe qui d’autre. Ce serait quelque chose de bien rafraîchissant à faire. Je suis certain qu’il y en a d’autres qui aimeraient entrer dans la compétition.

TROT : Sur une base quotidienne, auprès des conducteurs avec lesquels vous êtes familiers, y a-t-il du dénigrement qui se fait avant les courses? Pensez-vous que vous essaierez d’entrer dans la tête de vos rivaux avant cet événement?

Jody Jamieson: Jamais je ne penserais dénigrer mes collègues conducteurs et je ne participerais pas à cet événement.

Sylvain Lacaille : Je suis tout à fait d’accord avec toi, Jody.

Brandon Campbell : Vous le faites assez longtemps pour tomber finalement sur les nerfs de quelqu’un. J’ai exaspéré des gars et leur ai dit que j’allais les laisser de côté alors que je n’en avais aucune envie. Mais nous n’essayons pas de nous en faire des ennemis.

Billy Davis : Je ne crois pas que cela arrivera lors de l’événement, et Jody est très très bon avec tout le monde dans la chambre des conducteurs. (Rires.) Mais j’imagine que cela se produira quelque peu.

Guy Gagnon: J’ai participé à divers tournois avec quelques-uns d’entre eux et je pense que nous faisons notre boulot en piste.

Jody Jamieson: Quand Guy (Gagnon) s’en va en avant, il n’aime pas céder et c’est ainsi qu’il fait son dénigrement.

Jim Marino : Tout comme dans la chambre des joueurs avant un match de hockey, il faut maintenir une ambiance légère, mais en ce qui concerne le dénigrement, seulement un peu ici et là. Pour moi, dès que la course commence, elle est commencée.

TROT : Le CNC coїncidera avec la Conférence des Premiers ministres à l’ÌPE. Que pensez-vous du fait de vous faire la lutte devant tous les premiers ministres du Canada?

Jody Jamieson: J’ai très hâte de voir Kathleen (Wynne) pour la féliciter de sa majorité.

Billy Davis: Oui, nous aurons une petite conversation!

Jim Marino : S’il y a un endroit où impressionner les premiers ministres, c’est bien l’Île du Prince Édouard. Je connais des gens qui sont allés au Jug and Derby et ils s’entendent pour dire que la Gold Cup and Saucer est le meilleur événement. Alors quoi de mieux?

Sylvain Lacaille : Je suis certain que pour toutes raisons, nous leur donnerons le meilleur spectacle; et c’est certain, si je vois mon premier ministre, je lui passerai un mot. Un bon. Je lui ferai savoir que nous sommes ici pour durer.

TROT : Pour terminer, quel est votre état d’esprit quant à votre participation à cet événement ?

Sylvain Lacaille : J’ai vraiment aimé cela la dernière fois et cette fois-ci, j’y vais pour le vrai. Je veux gagner! Je pense que c’est grandiose, et peu importe le gagnant du groupe, je serai heureux pour lui. Nous sommes tous des concurrents et nous voulons tous gagner. Nous y sommes pour le plaisir mais en même temps, nous sommes des compétiteurs.

Brandon Campbell : La dernière fois que j’y suis allé, j’étais dans un état d’esprit d’excitation pour aller gagner ce titre. Tout ce que cela a fait c’est de me mettre les nerfs à fleur de peau tandis que cette fois, ce sera pour le plaisir tout comme je me battrai et ferai de mon mieux, mais j’y vais avec un état d’esprit de plaisir et pour apprécier l’expérience.

Ryan Ellis: Je suis très enthousiaste à l’idée d’y aller et de représenter la Région de l’Atlantique avec Marc ; j’espère piger quelques bons chevaux et avoir un peu de chance.

Marc Campbell: Je vais y aller et essayer de gagner.

Billy Davis: Marc peut s’essayer tant qu’il voudra, mais je vais gagner cette compétition!

Jim Marino : J’y vais pour m’imprégner de tout cela et avoir autant de plaisir que possible. Côté conduite, c’est notre travail. J’y vais pour gagner mais je veux vraiment apprécier le moment autant que faire se peut.

Guy Gagnon : La dernière fois que j’ai participé à la compétition, j’ai été battu par un point à la toute fin; mais cette fois-ci, je vais essayer de prendre la tête et la conserver jusqu’à la fin.

Jody Jamieson : Je veux gagner et représenter le Canada. Si je gagne, ce sera la cinquième fois. C’est près et cher à mon cœur, et c’est à l’Île du Prince Édouard; je crois qu’il n’y a pas de meilleur endroit où vous voudriez vous qualifier. On pourrait penser que c’est plus facile fois après fois, mais ça devient plus éprouvant sur les nerfs chaque fois, et je m’impose beaucoup de pression.

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